Il y a deux jours, en lisant un article, je suis tombé sur le mot « lacanien », et j’ai commencé à me demander ce que cela pouvait bien vouloir dire. Je me suis dit : « tiens, puisque :
- mon blog va parler de psychologie et de psychanalyse,
- et que récemment je me suis mis à lire « Pour lire Jacques Lacan » de Philippe Julien, que je n’ai pas encore terminé, mais qui commence à m’éclairer sur certains concepts lacaniens
- et que c’est le trentenaire du décès de Lacan (paix à son âme)
- et qu’il y a deux semaines j’ai été à une conférence à la BNF où Elisabeth Roudinesco, psychanalyste (qu’Onfray mais aussi beaucoup d’autres, comme Nathalie Jaudel, semblent ne pas apprécier) discutait avec le philosophe Alain Badiou (qui a bien connu Lacan) à l’occasion d’un Hommage à Lacan.
Je lisais ce soir sur le site du Monde un article de Michel Onfray qui s’intitule : « Avec Hollande, les vaches seront bien gardées !« .
Dans cet article, je remarque qu’à un moment, M. Onfray écrit :
« Reste la constellation de la gauche libérale qui a ma faveur – mais qui désespère par son ardeur à refuser toute union. Olivier Besancenot a jeté l’éponge du NPA finalement trotskiste au profit de Philippe Poutou – si j’étais lacanien, ce qu’à Dieu ne plaise… »
Nous apprenons donc ici que Michel Onfray n’est pas lacanien, et de mon côté je constate surtout que je ne comprends rien à sa phrase, Dieu me pardonne… (Qui est Philippe Poutou au fait ? Google m’indique qu’il s’agit du candidat du NPA à l’élection présidentielle de 2012), mais cela ne m’explique toujours pas le sens de la phrase d’Onfray.
[Article à suivre…]
[jeudi 20 octobre 2011]
Je trouve ceci sur un post dans un forum du site Doctissimo :
Je ne suis pas « lacanien » et il faut bien reconnaître que certains psychanalystes qui se disent « lacaniens » pratiquent encore « les séances courtes » (quelques minutes : 4, 5, …10 minutes) pour, soit-disant « heurter » l’analysant et le faire réagir (violemment), ce qui apportera du matériau pour la prochaine séance… Parmi ceux-là, il m’apparaît clairement que certains sont, sciemment ou non, en position de « disciples », prêt à reproduire « à la lettre », les pratiques du Maître, sauf qu’il s’agit là de pratiques tout à fait contestables (de mon point de vue), et que pour faire court, le Lacan de la fin (dans les 10/15 dernières années de sa vie) s’est égaré et que ce n’est certainement pas le plus « intéressant » (pour la pratique analytique) à retenir et encore moins à reproduire.
Et je me pose plusieurs questions : est-ce que Lacan a vraiment dit qu’il fallait pratiquer les séances courtes pour heurter l’analysant ? D’autre part, est-ce que Lacan, dans les 10-15 dernières années de sa vie, s’est véritablement égaré ? Je doute de ces affirmations… il va falloir chercher les réponses…
[dimanche 6 novembre 2011]
Aujourd’hui, une personne me dit qu’elle « n’est pas très lacanienne », du coup j’ai tapé « être lacanien » sur Google pour voir si mon article était visible, et bien sûr je suis tombé sur autre chose qui est fort intéressant : un petit texte de Jean Allouch qui s’intitule : « être lacanien » (texte écrit à la demande de Sarah Chiche, publié par elle, septembre 2010). Le voici, pour votre plus grand plaisir :
« C’est quoi, pour vous, être lacanien aujourd’hui ? » demandez-vous. Mais non, je ne le suis pas ! « Lacanien » n’est en rien une caractéristique de mon être. Lequel être, d’ailleurs, ne tolère aucune détermination de cet ordre. Je n’ai pas non plus élu Jacques Lacan comme quelqu’un de qui j’attends qu’il me fournisse une éthique, qu’il me dise comment vivre, désirer, aimer, mourir. En dépit de quelques efforts qu’il a pu faire en ce sens, je n’ai pas fait de lui mon maître spirituel. Mon analyste, oui. Pourtant, il y eut, il y a plus… Car oui, je suis actif au sein d’une école lacanienne (170 membres à ce jour), la toute première à se vouloir telle et la seule, aujourd’hui encore, à savoir et à dire pourquoi. Une école (non pas un groupe, une association, un cercle, etc.) n’a de projet, de politique, qu’à partir de la reconnaissance qu’un certain savoir (et ses conséquences sur l’exercice analytique) n’a pas reçu l’assentiment de la communauté à laquelle, en tout premier lieu, il était destiné. On s’emploie alors à ce que ce savoir conquière l’assentiment des esprits, voire oriente les pratiques. Il peut être résumé en trois termes : réel, symbolique, imaginaire.
Revisiter l’ensemble des questions analytiques à partir de cette ternarité, à cela précisément Lacan s’est employé. C’était déplacer Freud, chez qui domine le conflit, une pensée « en deux », non pas « en trois ». C’était aussi mettre en acte le fait que Freud et Lacan ne se mêlent guère plus que l’huile et l’eau.
Un second enjeu prescrit l’école : ladite « didactique ». Dès lors que l’on admet que le psychanalyste est une tombe, qu’il ne saurait en rien parler à quiconque d’une analyse sauf à intervenir sauvagement dans le transfert (cela, alors même que cette analyse est prétendument terminée et sous le prétexte fallacieux d’une communication savante, médicale en fait, quand ce n’est pas sur l’oreiller), il ne peut revenir qu’à l’analysant de faire état de son analyse en tant que didactique. Or accueillir et, le cas échéant, entériner ce témoignage n’est possible qu’au sein d’une école. Vous dire pourquoi et quelles conditions sont ici requises, cela ne se peut en quelques mots.Être lacanien aujourd’hui c’est ne pas négliger ou ne pas maltraiter le passage de l’analysant à l’analyste ; c’est instaurer un rapport critique à l’enseignement de Jacques Lacan tel qu’aucun de ses propos n’est reçu comme allant de soi parce que venant de lui ; c’est, enfin, ainsi que le manifestent ces deux premières caractéristiques, n’être pas lacanien mais avoir trouvé un point d’extériorité au regard du frayage de Lacan tel que ce frayage puisse être reçu comme le moins impropre à l’accueil de ce qui ne peut encore que s’appeler folie.