Décryptage : le cas Jamel Leulmi : un pervers narcissique meurtrier

Décryptage : Le cas Jamel Leulmi vu sous l’angle des caractéristiques de la perversion narcissique.

Jamel Leulmi, qui est en détention provisoire depuis août 2010, sera jugé demain jeudi 22 mai 2014 aux assises d’Evry, après trois semaines de comparution.

Jamel Leulmi encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour deux affaires : l’assassinat de sa femme Kathlyn Vasseur (sous la forme d’un accident de vélo avec une voiture qui a pris la fuite, en 2007) et une tentative d’assassinat de son ancienne compagne Julie Derouette (sous la forme d’un accident de voiture provoqué par des individus non identifiés juste après son arrivée au Maroc fin décembre 2009).

En lisant la presse, de nombreux éléments donnent à penser qu’il s’agit d’un magnifique cas de perversion narcissique (et donc par essence pathologique). Reprenons quelques éléments typiques de la grille permettant de révéler les individus pervers narcissiques.

Séduction

La première image qui saute aux yeux des journalistes qui le décrivent, c’est son apparence : celle d’un séducteur, avec un corps « taillé », « bodybuildé », « viril » de façon caricaturale et une apparence vestimentaire impeccables, orientés pour satisfaire à cet objectif intérieur de séduction.

« Jamel Leulmi est toujours impeccable. Trench chic, chemise moulant au millimètre son torse sculpté, voix douce, déférence châtiée. » (Libération, 20 mai 2014)

« Lorsque Jamel Leulmi entre dans le box des accusés, c’est tout à coup le séducteur dont parlent les victimes qui s’incarne. Bel homme, le crâne rasé et le visage fin, il semble en excellente condition physique. Musclé et soigneux de son apparence, il porte une chemise rose pâle sur un pantalon de costume noir. Les seuls mots qu’il prononce sont déterminés. » (Europe 1, 28 avril 2014)

Quid du rapport aux femmes de Jamel Leulmi ?

« De sa belle-sœur à une gendarme chargée d’enquêter sur la mort de son épouse, en passant par ses collègues de travail, sa notaire, sa prof de sport, la meilleure amie de sa compagne, il n’est pas une jolie femme que Jamel a croisée sans courtiser » (Libération, 2 mai 2014)

Ne sachant pas aimer, Le pervers narcissique fabrique un « amour » de toutes pièces qui est adapté à son interlocutrice.

« En Jamel, elle [Julie Derouette] voit un homme costaud et rassurant. Il la couvre de cadeaux. Il lui dit même qu’il a changé le code de sa carte bleue pour mettre les chiffres de leurs deux années de naissance en gage d’amour. Ils rigolent ensembles en regardant des DVD et s’amusent à regarder des sketchs de Gad Elmaleh. » (Europe 1, 28 avril 2014)

On apprend au procès que Jamel Leulmi, qui collectionnait les conquêtes amoureuses et qui courtisait la plupart des femmes qu’il croisait, a envoyé à plusieurs femmes différentes le même genre de texto avec un coeur tracé dans le sable et le prénom de la femme au milieu du coeur. Ce comportement est révélateur d’une toute-puissance de la séduction. Jamel Leulmi a trompé des dizaines de femmes, en leur racontant qu’il les aimait alors que c’était faux.

Jamel Leulmi et son ancienne compagne Kathlyn
Jamel Leulmi et son ancienne compagne Kathlyn Vasseur Pontonnier

Sexualité perverse

Jamel Leulmi a un rapport à la sexualité qui est très important et très orienté ; photos de sexes, de seins et de fesses de ses conquêtes dans son portable. Il est familier du monde de la drague et du sexe et fréquente les soirées échangistes.

Ceci pour participer à la satisfaction de pulsions sexuelles dévorantes.

« On a évoqué ses innombrables conquêtes féminines («200 dans la procédure», estime-t-il), les photos et vidéos de son sexe qu’il leur envoyait, ses soirées échangistes, ses textos pornos, son insatiable frénésie de séduction. » (Libération, 20 mai 2014)

Concernant les images, vidéos et textos à caractère sexuel pornographique, on constate souvent ce type d’obsessions typiquement pervers chez les pervers narcissiques (PNs), qui ont besoin de faire participer leurs conquêtes à leur plaisir, en partageant avec elles leurs pulsions sexuelles via des images envoyées par internet, ou des messages très crus. Ce mouvement pervers pourrait dans un autre contexte se situer dans le duo pervers « exhibitionniste-voyeuriste » décrit psychanalytiquement par Sigmund Freud, mais à la différence de ce duo, il ne contient pas ici la participation réellement volontaire de la victime, qui est en fait placée en position passive de façon imposée. En effet, les victimes des PNs, qui ne sont pas des exhibitionnistes, ne cautionnent pas ce genre de chose. Et c’est dans cette absence de cautionnement et de participation volontaire de la personne conquise, d’ailleurs, que se situe aussi un rapport à la perversion morale. Il y a intrusion du sexuel dans le psychisme de l’autre par le pervers, qui en éprouve ainsi de la jouissance.

Discours manipulateur : un flou inducteur de confusion

Peut-on caractériser la perversité du discours de Jamel Leulmi ?

La réponse est positive ; on en voit un bel exemple lorsqu’il dit lors du procès :

« J’avais comme tous les hommes le défaut d’avoir un organe cérébral, un organe génital et pas assez de sang pour irriguer les deux » (Jamel Leulmi)

Cette phrase est typiquement perverse, parce qu’elle utilise à la fois un stéréotype sur le genre masculin (stéréotype que le quidam lambda a malheureusement facilement tendance à valider), dont la conséquence est de provoquer chez l’auditeur une minimisation (l’auditeur a ainsi tendance à l’excuser en le confondant dans la masse) et par ailleurs, parce que Jamel Leulmi utilise une métaphore qui est une apparence de discours scientifique mais qui en fait ne l’est pas du tout lorsqu’il dit : « pas assez de sang pour irriguer les deux« . Cette phrase est donc globalement une pseudo-scientificité qui amène la confusion dans l’esprit de celui ou celle qui l’écoute.

Le discours des pervers narcissiques peut-être démonté, mais c’est un gros travail d’analyse, parce que toute affirmation est construite de façon à la rendre acceptable facilement, en utilisant des formes de pensée stéréotypées.

Le discours flou, qui est typique du pervers narcissique, a pour conséquence de provoquer le doute chez l’auditeur, qui a du mal à se placer rapidement au plan cognitif, et a de ce fait tendance à valider ce qui est dit.

Forme du discours

La forme du discours tient une place importante dans la nécessaire séduction qu’il faut pour « endormir » les interlocuteurs ; ainsi une « voix douce » et posée, « attentive » – comme c’est le cas de Jamel – permet d’amadouer et de séduire.

Actes

Après le discours, il y a les actes. Le comportement de Jamel Leulmi est lui aussi très parlant lorsqu’on sait le décrypter, et typique du pervers narcissique, avec notamment des tentatives d’enrichissement qui sortent complètement du cadre fixé par la Loi.

Stratégie d’enrichissement hors-la-loi

Pour s’enrichir, la méthode de Jamel Leulmi était relativement simple ; après une promesse de mariage, il faisait souscrire des contrats d’assurance-décès à ses conquêtes, dont il payait par ailleurs les traites. Tout était ainsi précalculé. Puis, il tentait de se débarrasser de la personne, afin de s’enrichir avec l’argent de l’assurance. Quelques meurtres discrets, maquillés en accidents de la route, quoi de mieux pour s’enrichir rapidement ?

« Les enquêteurs se penchent alors sur le passé de l’accusé et découvrent qu’il est veuf. Sa première épouse est morte trois ans plus tôt dans un accident de la route, fauchée par une voiture au cours d’une balade à vélo, trois mois à peine après leur mariage. Elle avait également souscrit quelques semaines avant sa mort plusieurs polices d’assurance au profit de Jamel Leulmi, lesquelles prévoyaient en outre un doublement de la somme en cas de décès accidentel. » (Libération, 27 avril 2014)

Jamel Leulmi est donc un arnaqueur de premier ordre, qui a fini par se doubler d’un assassin. Comme il a eu probablement quelques peurs légitimes lors de sa première (?) tentative (réussie) avec Kathlyn (la mort de son épouse Kathlyn en 2007, six mois après leur rencontre, leur mariage secret express et la signature de cinq contrats d’assurance décès à son profit n’est pas pour moi une malheureuse «coïncidence»), il a amélioré sa méthode avec Julie Derouette. Cela aurait pu marcher. Mais elle a porté plainte, parce que ce qui s’est passé était trop gros, et qu’après de longues ruminations, perdue dans sa souffrance physique et psychologique, puis au cambriolage de son appartement, elle a entraperçu qu’il n’était probablement pas blanc dans tout ça.

On reste stupéfait devant ce qui est rapporté par les témoins de « l’accident » de Julie Derouette au Maroc, et la façon avec laquelle Jamel Leulmi est resté allongé de tout son poids sur le corps de sa compagne, pour soi-disant la sauver. Ce mouvement – délibéré – est très « parlant » et montre que Jamel Leulmi aurait souhaité se débarrasser de Julie Derrouette.

Pour couronner le tout, on apprend qu’en 2010, sa nouvelle maîtresse, une certaine Karine, aurait aussi signé cinq contrats d’assurance-décès. On voit ainsi que le piège était près de se refermer également sur cette femme.

Mensonges et déni manifeste

Jamel Leulmi a toujours dénoncé les personnes qui l’accusaient, et plaidé son innocence.

« Lui qui risque pourtant la perpétuité, tente de convaincre la cour de son innocence. Il répète en effet inlassablement : « je suis innocent ». Des propos prononcés sans jamais croiser le regard de Julie, son ex-compagne, rescapée d’une violente agression au Maroc » (Europe 1, 28 avril 2014)

Cependant, Jamel a été rattrapé, notamment par Thierry Lacamp, l’avocat de la compagnie d’assurances de Kathlyn, qui a compris que l’accident de 2007 (lors duquel Kathlyn est décédée) était en fait un assassinat prémédité. Thierry Lacamp s’est donc mis en tête de rechercher la vérité, il a averti la mère de Kathlyn de sa thèse selon laquelle Kathlyn avait été assassinée par son compagnon, et est devenu ensuite l’avocat de la mère de Kathlyn pour un procès au civil.

Au procès en Assises, à propos des divers contrats d’assurance-vie, Jamel Leulmi ment encore et encore. Pourtant les preuves apparaissent évidentes : c’est bien lui qui a mis en place les contrats.

Jamel assure n’avoir jamais eu connaissance des contrats d’assurance souscrits par l’une comme par l’autre. Les investigations bancaires montrent au contraire que c’était lui qui en payait intégralement les traites. Comme il payait également celles des cinq contrats conclus en 2010 par une autre de ses conquêtes, Karine – jeune femme «présentant une légère déficience mentale» et «à la limite de l’illettrisme» selon les enquêteurs. (Libération)

Par ailleurs, les journalistes ont noté que Jamel ne faisait part d’aucun remord lors du procès.

Jamel n’a pas non plus daigné regarder les parties civiles.

Pour la mère de cette dernière [Kathlyn], ce face-à-face dans la salle est une épreuve. « Ça fait quelque chose puisque je ne l’avais pas revu depuis l’enterrement de ma fille. Mais c’est lui, c’est son personnage, il est faux », confie Brigitte au micro d’Europe 1. « Je pense que c’est un très, très, beau parleur. Un très beau manipulateur aussi. C’est dur, mais je suis contente que ce procès ait lieu, pour elle. Il aurait pu passer au travers », estime la maman. (Europe 1, 28 avril 2014)

Plusieurs mécanismes qui illustrent le déni – mécanisme psychologique typique des pervers narcissiques – qui est mis en place chez cet homme. Le pervers narcissique reste accroché à son déni en n’exprimant aucun remords, à aucun moment, parce qu’il est en fait incapable d’éprouver de la culpabilité. Par ailleurs, au plan narcissique, il lui est impossible de s’avouer véritablement coupable ; cela pourrait provoquer chez lui un effondrement de sa construction psychologique interne. Il est donc figé dans un déni massif.

Victimisation, combativité : tous les moyens sont bons pour se défendre.

Jamel Leulmi tente de se faire passer pour une victime en utilisant un argument qui est complètement faux : « Je suis jugé parce que je suis un séducteur » (Libération, 20 mai 2014). On voit ici apparaître un stéréotype simpliste et grossier qu’il utilise devant la presse pour se protéger.

Il est intéressant de noter que le pervers narcissique ne se laisse pas faire ; il avait attaqué en diffamation.

Par ailleurs, le PN est combatif ; ainsi, il fait venir en justice 30 témoins de dernière minute le jour du procès !!

« Un accusé qui a donné le ton de sa défense dès le premier jour du procès, avec la venue en masse, dans la salle de 33 témoins de dernière minute, tous prêts à déposer en sa faveur. » (Europe 1, 28 avril 2014)

Alliés (consentants et aveuglés)

Nombre de personnes qui ont connu Jamel Leulmi sont aveugles, parce qu’elles n’ont vu qu’un pan de la personnalité de Jamel Leulmi; le « beau Jamel », le « magnifique Jamel » ; « Jamel l’agréable », celui qu’il a souhaité leur montrer, image d’Epinal, qui peut-on espérer, finira par disparaître, au profit de la réalité, et malgré une page facebook qui tente de montrer avec de vains efforts que la situation de Jamel est une erreur judiciaire parmi d’autres.

L’ambiguïté de la relation avec Céline David

Que pouvons-nous dire de la (fameuse) compagne de Jamel Leulmi, Céline David, femme décrite comme « intelligente » selon l’avocate de Julie Derouette, et que l’on peut entendre dans une vidéo sur I-Télé ?

Céline David a rencontré Jamel en 2002; puis elle s’est pacsée avec lui en 2004. Un an plus tard, elle s’est séparée de Jamel à cause d’une infidélité. Cependant, un « lien d’amitié » a subsisté. Jamel s’est mis en couple avec Kathlyn, mais il a continué à passer des vacances à l’étranger avec Céline… Peu après que Kathlyn décède au Maroc (dans le meurtre camouflé en accident), Jamel est revenu vers Céline, et celle-ci est redevenue sa compagne à partir de 2008 (mariage religieux). Elle est restée sa compagne jusqu’en 2010, au moment de l’arrestation de Jamel. (Jamel Leulmi a réussi à utiliser son avocat pour faire passer un message à sa compagne, afin que celle-ci se décide à rompre).

Céline David est bénévole aux Restos du Cœur ainsi que dans une association qui accompagne les enfants voir leurs parents en prison, elle semble avoir grand cœur et être militante pour la protection des faibles (Le Parisien, 12 septembre 2013). Par ailleurs, elle est cadre commerciale dans la grande distribution, mais autodidacte et ayant arrêté l’école à 14 ans, elle l’est devenue à force de travail et de volonté, nous informe Libération. Une personne relativement atypique donc, qui a accepté de vivre une relation qu’elle-même qualifie de plutôt fraternelle avec Jamel Leulmi, avouant que leur « relation de couple était quasi inexistante ». (Lyon Capitale, 21 mai 2014). En fait, c’est lors du procès qu’elle a appris les nombreuses infidélités de Jamel.

Céline David, qui était certainement de bonne foi, a tenté d’intervenir en faveur de Jamel à son procès, attaquant notamment le témoignage de Julie Derouettes à propos de son coma (cf. Vidéo I-Télé)

Par ailleurs ayant détecté ce qu’elle a pensé être une irrégularité dans la procédure, elle a tenté d’intervenir, ce qui lui a coûté cher (Voir la note annexe n°1).

Peut-être est-ce là le revers de la médaille ; à force de vouloir aider quelqu’un à tout prix, dans une sorte de combat dont on se fait le chantre, malgré sa méconnaissance du dossier (avec des éléments que l’on peut supposer largement cachés par Jamel Leulmi), on finit par faire des choses contraires à la loi et on peut se faire punir.

On peut repérer ici une caractéristique typique des alliances que les pervers narcissiques mettent en place ; ceux-ci s’allient souvent avec des personnes généreuses et au grand cœur, qui ont besoin de rendre service, et ne comptent pas leur dévouement aux autres. Parce qu’elles sont revêtues d’un masque de naïveté et de générosité lucide, protégées par leur ignorance, elles trouvent grâce auprès du pervers qui s’accommode bien de leur attachement, dans une sorte de fidélité pseudo-amoureuse. Lorsque leur ami (pervers narcissique) est menacé, pensant le connaître, elles peuvent parfois prendre fait et cause pour lui/elle, alors que par ailleurs le type est « une ordure » de premier ordre.

Le « choix » des victimes

Que peut-on tenter de déduire de l’analyse des relations qu’entretenait Jamel Leulmi ? Que nous indique le profil des femmes qu’il a côtoyé ?

« Il y a une mécanique qui est toujours la même », souligne Jean Boudot, l’avocat de la sœur de la première femme de Leulmi. « Il y a un crescendo dans le profil de ces femmes.
De Kathlyn à Julie et Karine. Elles sont de plus en plus fragiles voir pour la dernière complètement démunie. »

Jean Boudot nous met ici sur la voie d’un mode d’agir de Leulmi, qui aurait pu choisir des personnes de plus en plus fragiles. Il semble possible de faire l’hypothèse que ce mode d’agir permettait effectivement de faciliter les manipulations de Jamel, qui avait probablement besoin de « s’affranchir le plus possible des limites du réel », comme l’écrit Jeanine Chasseguet-Smirgel dans son livre « Ethique et Esthétique de la perversion ». On peut aussi supposer que le meurtre de Kathlyn ait laissé chez Jamel des traces l’inclinant à choisir des « proies » plus faciles, telle Julie Derouette, ou Karine.

  • Kathlyn Vasseur était effectivement une femme fragile, selon un de ses proches. Celle-ci s’était plainte à ses amis d’être souvent laissée seule, et leur avait dit « traverser une dépression ». Elle était délaissée par Jamel qui passait son temps ailleurs.
  • Julie Derouette a confié à la barre : « J’étais fragile, naïve, c’était facile de me séduire ». Elle avait été abordée par Jamel Leulmi qui à l’époque était le gérant du parc d’attractions Coco Island.
  • Karine présentait un handicap mental léger. Présentée par les enquêteurs comme « à la limite de l’illetrisme ». Elle avait été rencontrée dans une boîte échangiste par Jamel Leulmi.

Céline David : une victime supplémentaire ?

Peut-on considérer que Céline David soit elle aussi une victime de Jamel, d’une part par inconscience d’avoir été manipulée, et d’autre part par effet collatéral des agissements de Leulmi ?

Premièrement, il est légitime de se demander si Céline David n’a pas un peu trop fermé les yeux sur le fait qu’elle avait elle-même été trompée et donc manipulée.

  • parce qu’elle se faisait largement tromper par Jamel (qui par ailleurs en parallèle maltraitait d’autres personnes au plan psychologique).
  • parce qu’elle est restée fixée à la défense de Jamel, et a attaqué Julie sur des propos mensongers que celle-ci aurait tenus à propos de son coma.

Peut-on expliquer ce positionnement par le flou et dans lequel elle a aurait été placée par Jamel Leulmi ?

Deuxièmement, il est important de souligner que Céline David a aussi été à un moment victime des « affaires » de Jamel Leulmi, mais de façon indirecte : un article du Parisien nous indique en effet qu’en marge de l’affaire Leulmi, une personne peu recommandable et probablement « dangereuse » aux dires de la police, qui avait contracté des dettes auprès de Jamel Leulmi, a essayé de faire pression sur Céline David, qui a été menacée de mort et qui a même été frappée par une inconnue. Ces pressions ont valu à Céline David de sérieux problèmes, et posent question. On peut ici se demander pour quelles raisons un créancier essaierait-il de rendre absolument ses dettes ? Est-ce par peur que Jamel Leulmi ne le confonde auprès de la police ?

Sans rentrer dans des détails supplémentaires, on a ici l’illustration que des actes commis antérieurement par le pervers peuvent resurgir par la suite dans des circonstances en marge pour les anciennes connaissances du pervers, et ces personnes peuvent finalement se retrouver en position de victimes indirectes, dans une situation où il est compliqué de se défendre.

Conclusion

La réalité est ainsi celle d’un Jamel Leulmi divisé intérieurement, clivé psychologiquement, bâti sur une faille narcissique protégée par des défenses perverses avec la mise en place d’un déni massif, un Jamel malade mais aussi coupable, un Jamel qu’il faudra faire aider, longtemps et patiemment, dans le cadre d’un suivi psychothérapique, pour lui permettre, peut-être un jour, de sortir de l’impasse psychologique dans laquelle il est englué depuis longtemps.

 

Rédaction : Tanguy Bodin-Hullin, mercredi 21 mai 2014

Merci de me signaler toute erreur constatée et de me faire vos commentaires afin que je puisse modifier ou améliorer l’article.

Sources : Web, Articles issus des journaux suivants :

                        • Le Parisien,
                        • Libération
                        • La Dépêche du Midi
                        • Agence France Presse
                        • Lyon Capitale
                        • Europe 1
                        • I-Télé (vidéo)

 

Note annexe n°1 :

Céline D. voulait que soient remis en cause les faits commis par un gendarme qui faisait son enquête dans le cadre de l’affaire Leulmi, et qui avait semble-t-il interrogé la fille de sa meilleure amie. Elle avait donc demandé à son amie Marie (la mère de la jeune fille) si elle pouvait faire un témoignage écrit auprès du tribunal contre le gendarme, ce qui avait été fait. Mais les modalités d’écriture de ce témoignage ont été remises en cause et dénoncées par la Gendarmerie, et on peut supposer que ceci n’a pas été du goût du Tribunal, puisque ces actes ont valu à Céline de se faire condamner à 5000 € de dommages et intérêts pour subornation de témoin.

Le fonctionnement du pervers narcissique

  1. Une mémoire sélective : 
    1. Sélective sur le passé du couple (transformations, mensonges, oublis)
    2. Sélective sur son propre passé, où peut se trouver des explications.
  2. Un « je m’en foutisme » sur les choses qui ne le concernent pas. Il délaisse ce qui n’a pas d’intérêt apparent pour lui.
  3. Une étonnante rapidité d’action
  4. Un « jeu » permanent avec les uns ou les autres
  5. Le/la PN joue avec le TEMPS ; comme une course au temps pour contraindre sa victime : retarder, multiplier les procédures, allonger les « discussions » sans sens.
  6. Le/la PN est égocentrique ; les autres ne l’intéressent pas, sauf si cela peut lui servir, et alors il fera tout pour se rapprocher d’eux, et en tirer un bénéfice. Il sait par ailleurs s’entourer de personnes généreuses et légèrement naïves ou un peu aveugles, qui pourront lui servir de couverture.
  7. Manipulation : le PN établit des stratégies pour séduire les femmes. Par exemple, il sait par quel biais les prendre pour qu’elles s’accrochent, qu’elles aient envie de le voir. Il peut penser par exemple qu’il faut faire attendre l’autre, ou le dévaloriser un peu, pour que l’autre se sente sous contrôle, et les femmes sont attirées par ça. Un pervers a un discours interne d’autojustification de ses actions à l’égard d’autrui, qui sont en fait irrespectueuses. L’indépendance est un maître mot chez lui/elle. Par exemple, il peut ne pas répondre à un texto pendant très longtemps. Il n’a pas fait attention, il se fout de ce que l’autre peut lui dire.
  8. Intimidation,
  9. Mensonges : le pervers sait mentir avec aplomb, et sans qu’aucun changement apparaisse sur son visage. Il ment rapidement et sans sourciller , ce qui le rend très crédible au vu de son interlocuteur si celui-ci ne se méfie pas.
  10. Absence d’empathie : le pervers n’a aucune empathie. Il n’est d’ailleurs pas capable de ressentir de la compassion pour quelqu’un.
  11. Autoritarisme et tyrannie : le pervers sait parfaitement donner des ordres s’il en a la légitimité envers la personne à qui il s’adresse, mais aussi dans le couple par exemple. Il peut être d’une dureté implacable.
Merci de m’aider à ajouter des éléments à cette liste ! 🙂

Témoignage de Caroline, 42 ans

Témoignage issu du site du Nouvel Observateur : Caroline, 42 ans, avocate, témoigne :

Le jour où je l’ai quitté, il est devenu fou

« J’ai retrouvé Jean il y a cinq ans, que je croisais depuis longtemps sans vraiment le connaître. Immédiatement, j’ai eu l’impression d’être extrêmement bien comprise. Ces gens ont quelque chose que l’on prend pour de l’empathie mais en fait c’est le jeu de la capture.

Le pervers narcissique, c’est le piège de la compassion.

Dès le début, il a réveillé l’idée que le grand amour est toujours possible, c’est comme s’il mettait en mot mes attentes. Il venait d’être quitté, il m’a fait rire et m’a ému dans sa détresse. J’étais touchée par sa confiance. Le pervers narcissique, c’est le piège de la compassion.

Un soir, il m’a dit qu’il comprenait enfin pourquoi il n’avait jamais voulu d’enfant : avant moi il n’avait pas trouvé la femme qui fasse naître ce désir. Il voulait tout avec moi, vivre ensemble, faire un enfant, être l’épaule qui me rassure, vieillir à mes côtés, tout mais pas de mensonge ni de tromperie entre nous. Le lendemain matin, j’ai quitté l’homme avec qui je vivais depuis 5 ans.

Immédiatement il est devenu plus froid. Il se fâchait, disait qu’il doutait de mon amour. Plus j’essayais de lui prouver, plus il était distant, narquois. Il disait que « finalement, j’étais comme les autres, et qu’il resterait seul toute sa vie », et que si je l’aimais vraiment, il fallait que je l’aide professionnellement, que je lui présente des gens. J’ai utilisé mon réseau pour l’aider, pour lui prouver. On a fait le tour de mon carnet d’adresses, il était déçu du résultat.

« Je me recroquevillais de plus en plus »

 

Toi tu es intelligente mais tu n’es pas maligne.

Il me disait : « Toi tu es intelligente mais tu n’es pas maligne ». Finalement, je ne lui servais à rien, qu’à perdre son temps. Il parlait en boucle de ses problèmes. Je ne devais pas l’interrompre. Il devenait de plus en plus irascible puis il revenait comme si de rien n’était. J’avais peur que ça dégénère de nouveau. Je ne disais rien et je me recroquevillais de plus en plus.

Il était toujours très préoccupé de lui-même, hypocondriaque, à t’envoyer balader si tu poses une question, et à te le reprocher si tu n’en poses aucune. Il y avait cette façon de faire le vide autour de moi. En me faisant parler de mes amis, pour casser ceux avec qui j’avais des difficultés. Les autres, il les a vus une fois pour les dégommer. Il y avait la punition par l’absence.

C’est vraiment moche ce que tu as fait, salope

Je me souviens d’une fois, on avait passé une bonne soirée. Le lendemain, il m’appelle en disant : « C’est vraiment moche ce que tu as fait, salope ». Et là, silence pendant une semaine. Toi, tu cherches une explication. Tu te dis que forcément, pour qu’il soit dans une telle colère, quelqu’un a dû lui dire quelque chose de terrible sur toi. Il te laisse comme ça pendant huit jours, et toi tu n’as rien à quoi te raccrocher pour comprendre. Quand il revient, tu veux en parler et il te dit : « Non, non, surtout pas, ça va encore m’énerver ». Et comme toute la semaine tu es passée par les larmes, les demandes d’explication sur répondeur, la peur que ce soit fini, tu n’insistes pas.

La punition par l’abstinence

Il y avait la punition par l’abstinence. Quand on allait au lit, il prenait deux Stilnox, me faisait enfiler un grand pyjama et s’endormait à l’autre bout du lit. Il me disait que j’avais « un cul à la place du cerveau ». Ça me faisait pleurer. Si tu te plains, tu es une pleurnicheuse ; si tu te fâches, une hystérique ; si tu t’attristes, une dépressive.

Cette histoire a duré plus d’un an. Le jour où j’ai pu le quitter, il est devenu fou, m’a collée au mur, il voulu m’étrangler. Je me suis défendue. Il a claqué la porte et n’est pas revenu.

Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je n’étais pas partie plus vite. Avec ces gens, tu te prends un bus dans la gueule et tu te retrouves K.O sans comprendre. Tu cherches du sens. Et ça peut durer très longtemps car il n’y en a pas. Dès que tu te rattaches à une logique, tu commences à réagir. Mais tant qu’il n’y a pas de logique, tu es paralysée. »

SOURCE : http://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20120315.OBS3817/video-pervers-narcissiques-tu-te-retrouves-k-o-sans-comprendre.html