Témoignage de Caroline, 42 ans

Témoignage issu du site du Nouvel Observateur : Caroline, 42 ans, avocate, témoigne :

Le jour où je l’ai quitté, il est devenu fou

« J’ai retrouvé Jean il y a cinq ans, que je croisais depuis longtemps sans vraiment le connaître. Immédiatement, j’ai eu l’impression d’être extrêmement bien comprise. Ces gens ont quelque chose que l’on prend pour de l’empathie mais en fait c’est le jeu de la capture.

Le pervers narcissique, c’est le piège de la compassion.

Dès le début, il a réveillé l’idée que le grand amour est toujours possible, c’est comme s’il mettait en mot mes attentes. Il venait d’être quitté, il m’a fait rire et m’a ému dans sa détresse. J’étais touchée par sa confiance. Le pervers narcissique, c’est le piège de la compassion.

Un soir, il m’a dit qu’il comprenait enfin pourquoi il n’avait jamais voulu d’enfant : avant moi il n’avait pas trouvé la femme qui fasse naître ce désir. Il voulait tout avec moi, vivre ensemble, faire un enfant, être l’épaule qui me rassure, vieillir à mes côtés, tout mais pas de mensonge ni de tromperie entre nous. Le lendemain matin, j’ai quitté l’homme avec qui je vivais depuis 5 ans.

Immédiatement il est devenu plus froid. Il se fâchait, disait qu’il doutait de mon amour. Plus j’essayais de lui prouver, plus il était distant, narquois. Il disait que « finalement, j’étais comme les autres, et qu’il resterait seul toute sa vie », et que si je l’aimais vraiment, il fallait que je l’aide professionnellement, que je lui présente des gens. J’ai utilisé mon réseau pour l’aider, pour lui prouver. On a fait le tour de mon carnet d’adresses, il était déçu du résultat.

« Je me recroquevillais de plus en plus »

 

Toi tu es intelligente mais tu n’es pas maligne.

Il me disait : « Toi tu es intelligente mais tu n’es pas maligne ». Finalement, je ne lui servais à rien, qu’à perdre son temps. Il parlait en boucle de ses problèmes. Je ne devais pas l’interrompre. Il devenait de plus en plus irascible puis il revenait comme si de rien n’était. J’avais peur que ça dégénère de nouveau. Je ne disais rien et je me recroquevillais de plus en plus.

Il était toujours très préoccupé de lui-même, hypocondriaque, à t’envoyer balader si tu poses une question, et à te le reprocher si tu n’en poses aucune. Il y avait cette façon de faire le vide autour de moi. En me faisant parler de mes amis, pour casser ceux avec qui j’avais des difficultés. Les autres, il les a vus une fois pour les dégommer. Il y avait la punition par l’absence.

C’est vraiment moche ce que tu as fait, salope

Je me souviens d’une fois, on avait passé une bonne soirée. Le lendemain, il m’appelle en disant : « C’est vraiment moche ce que tu as fait, salope ». Et là, silence pendant une semaine. Toi, tu cherches une explication. Tu te dis que forcément, pour qu’il soit dans une telle colère, quelqu’un a dû lui dire quelque chose de terrible sur toi. Il te laisse comme ça pendant huit jours, et toi tu n’as rien à quoi te raccrocher pour comprendre. Quand il revient, tu veux en parler et il te dit : « Non, non, surtout pas, ça va encore m’énerver ». Et comme toute la semaine tu es passée par les larmes, les demandes d’explication sur répondeur, la peur que ce soit fini, tu n’insistes pas.

La punition par l’abstinence

Il y avait la punition par l’abstinence. Quand on allait au lit, il prenait deux Stilnox, me faisait enfiler un grand pyjama et s’endormait à l’autre bout du lit. Il me disait que j’avais « un cul à la place du cerveau ». Ça me faisait pleurer. Si tu te plains, tu es une pleurnicheuse ; si tu te fâches, une hystérique ; si tu t’attristes, une dépressive.

Cette histoire a duré plus d’un an. Le jour où j’ai pu le quitter, il est devenu fou, m’a collée au mur, il voulu m’étrangler. Je me suis défendue. Il a claqué la porte et n’est pas revenu.

Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je n’étais pas partie plus vite. Avec ces gens, tu te prends un bus dans la gueule et tu te retrouves K.O sans comprendre. Tu cherches du sens. Et ça peut durer très longtemps car il n’y en a pas. Dès que tu te rattaches à une logique, tu commences à réagir. Mais tant qu’il n’y a pas de logique, tu es paralysée. »

SOURCE : http://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20120315.OBS3817/video-pervers-narcissiques-tu-te-retrouves-k-o-sans-comprendre.html

Les personnalités perverses narcissiques

Que signifie le mot pervers ? 

Il est issu du verbe « pervertir », qui signifie littéralement « détourner », d’après l’étymologie latine pervertere : « mettre sens dessus-dessous » et globalement « action de détourner quelque chose de sa vraie nature ».

Que détourne un pervers ? Il détourne la vérité, et se situe non en dessous, mais au dessus, ou au-delà de la Loi. Ainsi, le pervers connaît la Loi, mais il s’arrange pour passer au travers : il ne la considère pas, tant qu’il peut s’en passer, il s’en passe.

En revanche, s’il en a besoin pour contrer les autres, il l’utilisera, souvent seulement en l’invoquant.

Comment devient-on pervers ?

La question est importante, parce qu’elle permet de comprendre ce qui se passe en termes de psychopathologie pour ces personnes, qu’elles soient homme ou femme.

La personne, au moment où elle était enfant, a subi un choc traumatique insurmontable, qui l’a conduite à créer une psyché formée un peu comme une « coquille vide » pour utiliser cette métaphore, avec une faille narcissique importante, une sorte de vide. Cette construction lui a servi à survivre psychiquement, et les apprentissages ultérieurs en seront affectés.

Par la suite, pour se construire, cet enfant particulier, pour se faire accepter, apprend à correspondre au désir des autres, tout en satisfaisant son propre besoin.

Par exemple, il/elle se construit en apprenant, petit-à-petit à manipuler les autres, utilisant tous les subterfuges et stratagèmes pour arriver à ses fins. Il/elle peut ainsi se permettre de MENTIR de façon soutenue et régulièrement, et cela sans aucune culpabilité .

Et il devient ainsi le centre de l’attention des personnes de sa famille, un peu comme un petit roi. Son narcissisme devient alors une sorte d’hypernarcissisme, et c’est pour cela que l’on parle de « pervers narcissique ».

Les personnes atteintes de pathologie perverse narcissique sont ainsi de redoutables manipulateurs ou manipulatrices (hommes ou femmes confondus), qui, pour obtenir quelque chose, arrivent à convaincre par de subtiles manœuvres, des personnes parfaitement intelligentes de tout mettre en œuvre afin de les aider (comme on l’a vu avec l’affaire Cahuzac en avril 2013).

Les caractéristiques principales de la personnalité perverse sont :

  • la manipulation,
  • l’égocentrisme,
  • l’intimidation,
  • les mensonges avec aplomb,
  • et l’absence d’empathie.
pervers narcissique
Le pervers narcissique

Pourquoi a t-elle / a t-il décidé de m’attaquer ?

  • Parce que rapidement il/elle a vu chez vous quelqu’un qui ne rentrait pas dans ses ordres aberrants et dénués de réels fondements rationnels.
  • Parce que vous êtes peut-être quelqu’un de dangereux pour elle, dans la mesure où vous avez une notion aigüe de la justice, ou des droits des personnes.
  • Parce que vous lui avez signifié des comportements irrespectueux des autres et de vous-même
    • par exemple le fait qu’il/elle n’écoutait pas lorsqu’on lui parlait, et qu’elle coupait la parole.

La victoire des apparences

Prenons l’exemple d’une femme PN : tout n’est chez cette femme que du « faire-semblant« , (tout comme certains ont pu le constater chez Cahuzac).

  • La personne perverse narcissique fait semblant de travailler (par exemple, elle est absente la plupart du temps, mais s’arrange pour que cela ne pose pas problème)
  • Lorsque quelque chose est réellement fait, c’est parce que ce sont les autres qui s’en sont mêlés, mais elle-même ne fait que des petites choses de façon légère. Elle use subtilement du verbe, de façon à ce que toute tâche un peu lourde soit systématiquement déléguée aux autres.
  • elle fait semblant d’être enthousiaste, sympathique, crée un « spectacle », s’attire l’admiration des autres.
  • Dans ses échanges avec les autres, elle enjolive systématiquement certains détails (en fait inutiles, mais cela sert à créer un effet positif), tout en cachant et en floutant les faits réels, et en déformant les faits réels.
  • Par ailleurs, elle utilise des pronoms personnels différents en fonction des circonstances : le « nous » est très souvent utilisé, alors qu’il n’y a pas réellement d’équipe.

Les complices ou alliés

Elle a bien sûr des complices, mais il/elle les manipule aussi, en leur faisant croire qu’ils sont importants, qu’ils sont intelligents. Il/Elle sait très bien détecter les personnes généreuses, qui ne se méfient pas en étant sympa avec tout le monde, et qui sont également peu capables d’analyser psychologiquement les autres.

Dans le cadre du harcèlement moral, si personne ne se met en travers de son chemin, c’est parce qu’il ou elle a su manipuler un certain nombre de personnes et s’en faire des complices, en vue de discréditer la personne visée, ou de lui nuire d’une façon ou d’une autre.

Rédaction : Tanguy Bodin-Hullin, 16 avril 2013, révision décembre 2016