Témoignage d’Amélie : une belle-mère perverse narcissique

Bonjour,

J’ai lu vos articles avec beaucoup d’attention.
En effet, j’ai connu quelqu’un qui a littéralement détruit ma vie familiale et détruit mon enfance.
J’ai longtemps cherché les raisons de son comportement et aujourd’hui grâce à vos articles je comprends enfin ! J’aimerais partager mon expérience avec vous, car même si parfois il y a des blagues qui circulent sur les PN, il faut vraiment faire attention et se protéger de ces personnes.
Il ne faut pas le prendre à la légère.
Je pense qu’il doit y avoir sans doute différents degrés dans cette maladie et à un certain niveau les conséquences peuvent être dramatiques et à long terme irréversibles.
Mon père qui est toujours marié avec cette personne est toujours sous son emprise et ne parle à plus personne de sa famille y compris ses propres enfants.
J’aimerais trouver des solutions pour le ramener ou au moins qu’il soit plus présent dans nos vies mais nous avons eu beau multiplier les courriers, les discussions rien n’y fait, il reste retranché avec cette « femme ».
Lorsque nous étions enfants, mes deux frères et moi étions plutôt heureux jusqu’à l’âge d’environ 10 ans.
Mes parents ont divorcés alors que mes frères et moi étions très jeunes.
Ma mère ayant plusieurs difficultés d’ordre mental et financiers, c’est mon père qui as obtenu la garde exclusive pour prendre soin de nous.
Il nous amenait voir notre mère à chaque vacances et puis nous rentrions à la maison.
À l’époque, il ne s’était remis avec personne et comme il était souvent en déplacement professionnel il avait employé une de mes tantes pour s’occuper de nous au quotidien.
Je dois vous avouer qu’à l’époque, nous étions mes frères et moi, des enfants plutôt turbulants.
Nous faisions beaucoup de bêtises, mon grand frère et moi aimions se bagarrer.
Les coussins au salon avaient tendance à voler à travers la pièce, lorsqu’on allait jouer dehors nous rentrions tout le temps plein de boue on s’amusait à grimper aux arbres, faire de la luge, se chamailler bref rien de très exceptionnel mais je sais que ma tante en avait parfois ras le bol.
Mon père étant proche de sa famille (du moins avant de rencontrer cette femme) , nous allions voir mon grand père, ma grand mère et mes autres oncles et tantes presque tous les week-end.
Un jour, mes frères et moi apprenons que mon père avait rencontré une femme et qu’il souhaitait nous la présenter.
Nous sommes donc aller chez la mère de cette femme avec mes tantes et mon père pour passer un après midi à faire connaissance.
Lorsque nous sommes arrivés, la maison était sombre et lorsque nous sommes rentrés tout était sale et en bazard.
(Des années après, je me dis que c’était comme un sombre présage qui s’abbatait sur notre petite famille)
Elle s’appelait Nadia, je dois dire qu’à l’époque c’était une très belle femme et mon père avait les yeux qui brillaient lorsqu’il la regardait.
Nous nous sommes assis et avons reçu des bonbons, des jouets et des coloriages.
Mes frères et moi étions aux anges et nous nous battions pour monter sur ses genoux.
Quelque part nous étions contents pour notre père et voulions le soutenir.
En effet à l’époque ma mère lui en avait fait voir de toutes les couleurs et on pensait qu’il méritait d’être heureux.
Bref après plusieurs rencontres, des fiançailles et un mariage (tout s’est passé à une vitesse fulgurante) Nadia est venue habiter à la maison.
Je précise que Nadia ne voulait pas venir avant car elle estimait que ça ne se faisait pas. Elle voulait garder sa virginité avant le mariage et donc elle ne pouvait pas emménager chez nous.
Lors de nos brèves rencontres, elle était d’une gentillesse incomparable.
Mes frères et moi recevions tout le temps des jouets, des bonbons du chocolat, des câlins enfin c’était le rêve !
Mon père était content et nous étions aux anges aussi.
Cependant nous avons très vite déchanté. Un jour, je n’arrive pas à me souvenir exactement pourquoi, mais ma belle mère s’est violemment énervée contre mon frère.
C’etait la première fois que nous la voyions comme ça.
La personne mielleuse et gentille avait complément disparu pour montrer une personne ENRAGEE, avec une haine dans les yeux qui nous as complètement laissé démunis. On était incapable de réagir tellement nous étions choqués.
Le soir quand mon père est rentrés elle s’est plainte en disant que nous étions des enfants vraiment difficiles et qu’elle n’y arriverait pas.
Mon père, furieux nous as punis et nous as dit que chacun devait y mettre du sien.
À partir de ce moment là ça a été l’escalade.
Mes frères et moi faisions tout pour rester sages et nous nous faisions réprimander.
Je précise que mon père était absent pendant la journée.
C’est elle qui s’occupait de nous car elle ne travaillait pas.
Et petit à petit, je ne saurai même pas vous dire comment et pourquoi nous en sommes arrivés là mais elle était toujours plus violente. Le summum est arrivé quand elle est tombée enceinte.
Et à partir de ce jour, mes frères et moi avons vécu un ENFER.
Elle a commencé à nous lever à 6h00 du matin alors que nous commencions l’école à 9h00.
Mes frères et moi devions nettoyer tout l’appartement de fond en comble et nous ne devions faire aucun bruit sinon c’était la raclée.
Nous n’avions plus le droit de manger des petits gâteaux au chocolat le matin (ni le reste de la journée d’ailleurs) d’ailleurs elle en fermait à clé tout les gâteaux dans sa chambre pour pas qu’on en mange.
À la place nous avions droit à du pain rassis et de la confiture.
Parfois elle nous donnait des pains au chocolat sous vide périmés… C’était dégueulasse.
Elle ne voulait pas que nous nous servions nos Bols de lait.
C’est elle qui devait le faire et elle versait le lait la veille dans les Bols.
Le lendemain le lait avait un arrière goût de frigo dégueulasse (je ne sais pas comment le dire autrement)
Et puis est venu le temps des coups, elle nous trouvait toujours une poussière quelque part pour justifier le fait que nous avions mal nettoyé et pouvoir nous casser des manches à balais sur le dos.
Lorsque la première petite est née,
Mon père étant muté, nous avons déménagé.
Au début mon père et ma belle mère criaient par rapport à notre situation.
Je crois que mon père essayait de nous protéger à sa façon mais c’est comme si lui et nous étions incapables de réagir tellement la situation était choquante.
Nous aurions pu en parler à notre tante mais nous étions tellement traumatisés par la situation que lorsqu’on nous demandait des nouvelles on disait que tout allait bien. Nous avons déménagé et la situation a empiré.
Tout les jouets et les choses que mes frères aimaient sont passés à la poubelle.
Leur chambre était vide.
Pour ma part, j’avais réussi à garder un petit trésor caché.
Lorsque j’étais petite, j’adorais les parfums.
Mon père m’avait offert un jeu pour créer mes parfums et depuis j’avais développé une passion pour les parfums miniatures. Mon père me ramenait toujours un petit coffret lorsqu’il rentrait de ses expéditions. J’avais une belle collection et mon petit plaisir était d’ouvrir les fioles et de sentir les différentes fragrances, parfois je me mettais une petite goutte sur les poignets mais c’était plutôt rare, je préférais poser les petites fioles sur une étagere les regarder, les sentir, les comparer. J’adorais ça !
J’avais cette collection depuis que j’étais petite.
Un jour, alors que je rentrais du collège , j’ai retrouvé ma petite sœur devant le placard ouvert avec toutes mes fioles renversées par terre.
Je savais très bien que ce n’était pas ma petite sœur car c’était un bébé et la porte du placard en question était difficile à ouvrir et je ne vous parle pas des fioles… J’étais dévastée.
Autant les coups je commençais à avoir l’habitude mais là j’étais vraiment triste !!
Mais j’avais peur alors j’ai pleure en silence en ramassant les restes.
Mais c’était pas fini, ça ne lui suffisait pas de nous avoir tout enlevé. Elle voulait nous rendre fou !!
Parfois elle cachait la sucette de sa fille et elle nous accusait de l’avoir prise délibérément.

On se prenait encore des coups pour ça alors que parfois la sucette se trouvait dans sa propre poche.
Une fois j’avais pris tellement de coups que je n’arrivais plus à m’asseoir .
Mes doigts étaient bleus et ouverts car j’essayais de me protéger avec.
Une autre fois elle nous as servit de la viande grouillante d’asticots , j’en fais encore des cauchemars la nuit aujourd’hui.
Elle avait une autre lubie aussi : à chacun de ses anniversaires, elle avait tous les ans 34 ans et quand on osait lui dire que ce n’était pas vrai on se prenait une raclee.
Évidemment les insultes « batards » et autres « connards » et « connasse » pleuvaient à la maison.
Enfin bon des anecdotes comme ça j’en ai des millions.
Mes frères et moi pensions que mon père allait réagir et se rendre compte que son comportement n’était pas normal.
Un jour ils se sont disputes violemment il lui as dit qu’il allait divorcer elle lui as répondu : « si tu divorces je me mettrai un coup de couteau dans le ventre et je dirais que c’est toi qui me l’a planté, je vous détruirai toi et tes sales batards »
Et puis après ça, les années ont passées et il n’a jamais réagit.
La situation s’est même empirée.
Mon père était parti en déplacement pendant plusieurs mois.
Mon grand frère et moi avions chacun trouvés un petit boulot pour les vacances de Noël. Moi j’emballais les cadeaux dans un magasin de jouets lui bossais dans une station service. Cela nous permettait d’avoir notre argent de poche et se débrouiller tout seul (même si ma belle mère nous confisquait une partie soi-disant pour notre bien)
Un soir, alors que je rentrais du boulot, je vois ma belle mère toute affolée qui me dit « ton petit frère à disparu »… J’ ai tout de suite compris que quelque chose de grave s’était passé.
Je sors de la maison faire un tour du quartier en appelant mon petit frère.
Impossible de le trouver.
Il était tard, la nuit était noire et je commencais moi même à paniquer. Je m’imaginais tout un tas de trucs sombres car elle était capable de tout.
Mon grand frère fini par rentrer à son tour.
Je lui raconte on se mets à nouveau tout les deux à sa recherche et impossible de le trouver.
Mon petit frère avait 11 ans à l’époque.
On l’a cherché une bonne partie de la nuit sans succès.
Le lendemain nous avons eu des nouvelles de la police, mon petit frère était à l’hôpital.
Elle avait essayé de le tuer en l’etranglant.(radio à l’appui montrant une strangulation)
Mon père a été rappelé en urgence chez lui pour des faits très graves.
On se demandait mon grand frère et moi comment il allait réagir.
Il est allé voir mon frère à l’hôpital en lui disant qu’il fallait qu’il mente à la police pour arranger la situation. (mon père avait un poste important à l’époque et je pense aujourd’hui qu’il a demandé ça à mon frère pour sauver sa peau)
Il lui as dit qu’il savait qu’elle était folle et qu’il allait arranger tout ça. Cependant en attendant il devait mentir à la police.
C’est ce que mon petit frère a fait malheureusement rien ne s’est arrangé.
Je suis moi même passée par la fenêtre une fois alors que j’avais un poignet déjà cassé.
Les choses se sont arrangées quand mes frères et moi avons quittes la maison.
Aujourd’hui mon père ne nous parle plus et je doute que ça s’arrange un jour.
Ma famille est cassée pour toujours et il n’y a plus rien que je puisse faire.
Alors simplement je voulais dire aux gens qui me lisent faites bien attention à vous et surtout à vos enfants car malheureusement il y a des impacts irréversibles.
Je pense que toutes ces histoires ont influencées pour toujours nos vies à mes frères et moi et pas que dans le bon sens et aujourd’hui il n’y a plus rien à faire.

Cordialement
Amélie

Témoignage de la chanteuse et actrice Lio

Interview – Témoignage de Lio le 6 sept 2003 à l’émission de Thierry Ardisson « Tout le monde en parle »

Vous pouvez regarder l’émission sur Youtube en cliquant sur le titre.

Autre lien vers l’émission sur le Site de l’INA

Chanteuse Lio Ardisson
La chanteuse Lio lors de l’émission du 6 sept 2003

Ce texte correspond à une transcription de la partie de la vidéo où Lio témoigne, à un moment de l’émission Tout le Monde en parle, sur son histoire d’amour actuelle, puis, suite aux questions de Thierry Ardisson, elle parle d’une ancienne histoire où elle a été manipulée et battue, par un homme qu’on  peut qualifier de malade pervers narcissique, au vu de ce qu’elle en dit.

(Ardisson interroge Lio) :
Vos enfants ont comblé votre manque d’amour. Maintenant vous avez retrouvé votre premier amour.
(Ardisson lit) :  Lio a retrouvé son premier petit copain de l’école, 28 ans après le lycée de Bruxelles.
A l’époque il vous disait, vraiment, tout petit, déjà : « tu es la femme de ma vie ! »
(Lio) – Ouais, c’est vrai !
(Ardisson lit) – Et il lui disait : « on finira notre vie ensemble ». A l’époque Lio rigolait.

(Invité) – Et qui a retrouvé l’autre ?
(Lio) – Ecoute, c’est la télé qui nous a retrouvés !
[…]
(Ardisson) – Jusque-là, vous le dites vous-même, vous n’étiez pas très très douée pour trouver le Grand Amour.
(Lio) – Ben non, sinon ça se saurait su !
(Ardisson) – Et c’est dû à quoi ?
(Lio) – C’est dû à quoi ? à une incompatibilité d’humeur…
(Ardisson) – Parce que vous êtes trop romantique ? parce que vous recherchez un truc beau et …
(Lio) – Moi je trouve que dans l’amour il n’y a que l’absolu qui est joli, si on ne cherche pas l’absolu franchement…
(Ardisson) Le pire c’était le père de vos jumelles vous dites qu’il a été très violent avec vous ?
(Lio) – Oui, je suis allée de, de …
(Kouchner) – Charybde en Scylla.
(Ardisson) – Pourquoi en avoir parlé ?
(Lio) – Ce n’est pas moi qui en ai parlé !
Vous savez, c’est de la correctionnelle, quand on porte plainte,
et donc les journalistes, tout le monde peut venir dans la salle, tout le monde peut assister au procès, et il y a des mouchards dans les palais de justice :
quand il y a des gens connus qui se retrouvent en correctionnelle ; ils préviennent les journalistes et j’ai eu le droit à une demi page dans le parisien
(Invité) – Le parisien ?
(Lio) – Voilà. C’est comme ça que ça c’est passé, et donc à ce moment-là je n’avais pas du tout envie d’en parler c’était quelque chose qui était encore difficile pour moi, mais comme ça avait été fait j’ai préféré parler, m’exprimer, et puis l’ayant fait une fois j’ai reçu tellement de lettres de femmes que je me suis dis que j’avais bien fait de le faire, vraiment.

(Ardisson) : vous avez dit: ces hommes (Ce type d’homme) sont des prédateurs qui repèrent les femmes blessées. […] Et à l’époque vous étiez blessée et vous étiez une proie facile pour ce type d’homme c’est ça ?

(Lio) :
Il y a un processus, effectivement, [chez] les hommes qui finissent par battre leur femme :
D’abord ça se passe dans tous les milieux, il n’y a pas du tout un milieu où les gens sont plus simples et où ça se passe [mieux, NDLR] que dans un autre.
C’est dans vraiment tous les milieux et il y a un processus avant d’en arriver aux coups parce que… Ce dont j’ai le plus souffert c’est qu’on se demandait comment une femme comme moi qui avait du caractère pouvait vivre quelque chose comme ça et que donc c’était que quelque part je l’avais bien cherché ou que j’aimais ça, et donc que j’étais d’une certaine manière complice, et ça c’est ce qu’il y a de pire parce que ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe.
Ce sont des hommes qui ont besoin de la vitalité d’une femme, qui repèrent d’ailleurs des femmes fortes, des femmes qui sont solaires, et qui au départ leur déclarent (à ces femmes, NDLR) un amour inouï : ça a vraiment l’air d’être l’histoire d’amour du siècle, c’est donc mieux que Paul et Virginie.
Ils ont senti qu’il y avait une faille en vous, qu’à ce moment là vous êtes plus fragile
Bon moi à cette époque-là j’avais 36 ans, la quarantaine approchait, j’avais raté toutes mes histoires d’amour, je n’avais plus de contrat, j’étais effectivement assez..assez mal, et.. au départ ils vous disent que vous êtes la femme la plus merveilleuse, enfin ça a l’air vraiment.. ; vraiment vous êtes la montagne, la femme de leur vie, et puis petit à petit la violence démarre :
d’abord ils vous fâchent avec vos amis, ils vous fâchent avec votre famille
Ils dénigrent le milieu d’où vous venez, dénigrent votre passé, et toujours très intelligemment en disant exactement les choses qu’il faut !
Et.. petit-à-petit vous êtes seule, les scènes commencent en périphérie, d’abord ça casse tout autour et puis finalement ils vous tapent, tout de suite après ils vous demandent pardon, et puis vous allez de coup en pardon, de coups en pardon en espérant que vous allez retrouver les jolies paroles du début.
Vous êtes aliénée ! c’est vraiment..ça se passe comme une secte, vous êtes aliénée à vous-même !
(Invité) – Quand ils demandent pardon, vous pardonnez ? c’est ce qui m’étonne,..
(Lio) – Oui on pardonne, parce que …[elle est interrompue de façon spontanée]
(Invité) – Comment on fait pour pardonner ? Du premier coup, même ?
(Lio) – Eh ben oui ! Ce qui est le plus difficile, c’est de comprendre ça ! On a du mal !
Moi je me suis sentie extrêmement salie, je me suis sentie avilie et j’ai du faire un énorme travail pour pouvoir me regarder de nouveau
On pardonne parce qu’ils sont en larmes directement après, ils disent qu’ils regrettent tellement, ils disent que c’est trop d’amour, qu’ils n’arrivent pas à gérer ça, qu’ils ont souffert, qu’ils ont peur d’être trompés encore, et on se dit qu’à force de les rassurer, qu’à force de les aimer, ça s’arrangera !
Et puis ça ne s’arrange jamais, ça ne s’arrangera jamais et c’est de mal en pis et la violence escalade, et vous à un moment donné vous êtes vidée de tout et vous ne pouvez plus réagir.

(Kouchner) – Et qu’est-ce qui fait votre sursaut ?
(Lio) – Ce qui fait mon sursaut c’est que ma sœur n’a jamais lâché, elle a été voir SOS Femmes battues, elle a parlé pendant 3 heures avec un psychiatre qui lui a exposé le processus,
et elle est venue, toujours en douceur, toujours là, et elle me racontait, quand je lui disais : « mais non tu sais c’est rien, ça va s’arranger », elle me disait : « tu sais ça s’appelle la lune de miel, ça recommencera Avanda », et au début on ne veut pas y croire, et puis finalement , les petites [jumelles, NDLR] sont nées, et il continuait à me taper.. ; elles étaient au sein, il me donnait des coups…
Et pour les enfants à un moment on a un sursaut parce qu’on se dit que.. que vraiment,
le coup peut partir n’importe où ! Et un jour je suis partie de la maison et j’ai été porter plainte…

[Thierry Ardisson change de sujet et pose une autre question à propos de récupération de la mort de Marie Trintignant par des féministes au profit des femmes battues.
Lio refuse de parler de Marie Trintignant, faisant comprendre qu’elle l’aime beaucoup et ne peut pas en parler, (ce qui est je trouve d’un tact et d’une sensibilité remarquable et les gens sur le plateau ont applaudi pour la soutenir).] Suite sur la vidéo…

Dans une autre émission avec Thierry Ardisson, Lio évoque son « nez cassé, entorse cervicale et 4 vertèbres déplacées », actes de violence qui ont coûté 2 mois de prison ferme à son ancien conjoint, Zad, avec lequel elle a eu deux enfants. Ces actes de violence ont contraint Lio à remettre son spectacle des Folies Bergères.

Lio a choisi son pseudo en référence à une bande dessinée de Jean-Claude Forrest, où c’est le prénom d’une adolescente.

En 1996, le chanteur français Zad interprétait la chanson L’Ombre du soleil. Peu de temps après, il rencontre Lio lors d’une soirée organisée par une maison de disque. On ne retiendra de lui, d’un point de vue artistique, que cette chanson au refrain poétique : « Laissez-moi vivre mes rêves/ Les yeux grands ouverts/ Pour toucher les plumes de ses ailes/ Lorsque le jour se lève. » Qui aurait pu imaginer que l’auteur de ces mots serait à la source d’une violence qui mettra Lio dans une situation où elle ne sera plus que l’ombre d’elle-même ? Les coups s’abattront sans coup férir, jusqu’au jour où, aidée par sa sœur, elle portera plainte. Le chemin de la renaissance sera long…
Malgré cette expérience extrêmement douloureuse, elle garde le même enthousiasme dans cette vie qui ne lui a pas toujours fait de cadeaux. La joie de vivre est au beau fixe aujourd’hui au milieu de ses six enfants. Elle n’a rien perdu de sa verve ni de sa fougue. Et, quand on lui demande pourquoi elle a accepté d’être la marraine de cette campagne, le ballet lionesque se met en marche : la parole s’affirme et les mains entament pirouettes sur pirouettes. « Mais parce que je me sens très concernée puisque je l’ai vécu ! J’ai reçu des centaines de lettres de femmes qui me parlaient de leur vécu et de leur problème. Je me suis rendu compte que cela touchait tous les milieux sociaux. Il faut que cela se sache ! »
Z. comme…
Au printemps 1997, elle rencontre Z., comme elle le nomme dans sa récente autobiographie Pop model. Au début tout paraît idyllique, mais la machine infernale se met rapidement en marche. Première étape : processus de dépersonnalisation.

« Les femmes qui vivent cette situation subissent véritablement un lavage de cerveau. Elles sont entre les mains d’un manipulateur, quelqu’un qui va sciemment mettre en place un système qui vous transforme, qui vous dépersonnalise et vous vous retrouvez finalement sans repaire. Les coups ne viennent pas tout de suite. Il y a d’abord l’humiliation et la perte de l’estime de soi »,

assène Lio, à qui on reconnaît son franc-parler. Tout se passe de manière insidieuse. « Je me disais comme je n’avais plus confiance en moi : qu’ai-je bien pu lui faire pour le mettre dans cet état là ? Qu’a-t-il vécu ? Ce ne sont, naturellement, jamais des hommes sans histoires, ils ont également des souffrances. On est sensible à cette souffrance puisqu’on les aime ou du moins on le croit. C’est comme ça que le cercle vicieux se noue autour de vous. Vous vous enfermez et vous descendez de plus en plus bas. » De cette union naîtront des jumelles, au début de l’année 1999. Mais la situation ne changera guère, les violences physiques et les insultes iront de plus belle. Ce spectacle barbare s’affichera sans commune mesure devant les enfants. C’est Helena, la sœur cadette de Lio, qui prendra les choses en main en lui faisant prendre conscience du danger qu’elle encourait. En septembre 1999, la chanteuse s’enfuit et se réfugie au commissariat parisien de la Goutte d’Or.

Transcription complète faite par Tanguy Bodin-Hullin le 16 mai 2013

 

Témoignage d’une femme victime d’un conjoint pervers narcissique

Témoignage d’une femme victime d’un conjoint pervers narcissique (interview visage caché)

Source : Emission « Allo docteur » sur France 5 du 19 mars 2010en présence de Pascal Couderc, psychologue-psychothérapeute, et de la présidente de l’Association d’Aide aux Victimes de violences psychologiques.

«

Il s’est présenté là sur mon chemin comme le prince charmant, c’était le messie, il avait les réponses à tous les problèmes. C’était l’homme parfait. Donc je suis vite tombée sous son charme . Je n’avais pas conscience que des gens comme ça pouvaient exister, et.. j’ai plongé. Le processus est venu vraiment insidieusement, tout doucement.

Ça commence par des remarques, des reproches : « T’es pas à la hauteur.. Je suis quelqu’un d’exceptionnel. Tu dois tout accepter de moi. » Il partait dans des discours interminables qui pouvaient durer des heures et des heures. J’en sortais K.O à chaque fois. Et puis tout doucement, on culpabilise : on se dit ; « ah bon, je suis vraiment cette personne ben indigne, nulle, je suis incapable de faire quoi que ce soit de bien et oui, on se laisse engouffrer, puisque c’est lui le meilleur, « il a raison ». Il pousse à bout, et puis après, il me fait passer pour une dépressive, une hystérique aux yeux des autres, car il ne se comporte pas du tout de la même façon à huis clôt qu’en société. En société, c’est l’homme parfait : le séducteur, le charmeur.

Je suis quelqu’un qui a plutôt beaucoup de caractère et qui n’est pas du genre à me la boucler ni à me laisser faire, c’est pas mon style. Mais oui, il a su me casser : il vous « vide », il vous « lobotomise ». J’ai menacé de la quitter à plusieurs reprises, mais il me disait : « Si tu t’en vas je vais te détruire, je vais t’anéantir », ou « Avec mon fric je vais prendre les meilleurs avocats de Paris » et moi à l’époque sous son emprise, j’étais vraiment en état de frayeur : j’y croyais.

Si j’ai réussi à m’en sortir et on peut s’en sortir, il faut avoir la volonté, c’est … sortir de sa peau de victime, c’est tout-à-fait possible. Par contre, il faut être entouré ; moi j’ai cette chance-là, d’avoir eu mes parents, ma mère qui n’est plus là malheureusement, mais qui était là nuit et jour pour moi, pour me réapprendre à vivre, et puis mes amis, mes amis qui m’ont vraiment tiré, … tiré vers le haut pour que je renaisse.

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 Transcription faite par Tanguy Bodin-Hullin, psychologue clinicien.