- Article du Nouvel Observateur : « Tu te retrouves K.O. sans comprendre »
Geneviève Reichert-Pagnard, spécialiste de la manipulation, récuse le terme de « pervers narcissique« , bien que dans ses livres, sous le nom de « manipulateurs destructeurs« , elle semble décrire des personnalités perverses narcissiques. Ce positionnement est très intéressant et pousse à un approfondissement de la réflexion à ce sujet.
Qu’en-est t-il de la distinction qu’on peut établir entre ces diverses personnes manipulatrices ?
Voici comment elle explique dans une interview menée par le Nouvel Observateur en quoi la terminologie du psychanalyste Paul-Claude Racamier, descripteur-pionnier de ce mal, serait inappropriée :
– Les manipulateurs destructeurs ont effectivement les traits de personnalité pervers narcissiques : l’existence de l’autre est mise au service de la sienne et il se valorise à ses dépens. Mais cela va plus loin car ils présentent également des traits de personnalité paranoïaques, tels que :
Ainsi, un premier point important à noter est que cette pathologie a des choses en commun avec la psychose au sens large, notamment parce qu’on y retrouve les caractéristiques d’un délire structuré de persécution qui est largement présent chez les paranoïaques.
Les manipulateurs destructeurs se situent à un carrefour de pathologies appartenant toutes aux psychoses : ils voient le monde à leur façon, fonctionnent dans une logique qui leur est propre et imposent leur système de pensée à leur entourage.
En revanche, leur apparence extérieure est sauve, car leurs troubles psychotiques sont bien cachés aux regards extérieurs : ils semblent bien insérés socialement.
On appelle ces psychoses des « psychoses blanches » ou « psychoses sans symptômes« . C’est ainsi qu’ils peuvent échapper à l’attention de la machine judiciaire et s’ils sont parents obtenir la résidence des enfants qu’ils vont continuer à détruire psychologiquement et insidieusement pendant des années. Les magistrats n’ont, la plupart du temps, aucunement conscience qu’ils ont à faire à des personnes psychotiques, au même titre que peut l’être une personne schizophrène pour lequel pourtant, ils prennent des mesures appropriées pour la garde des enfants.
Ouvrages généralistes sur les manipulateurs, les PN et le harcèlement
Le harcèlement moral, un véritable problème de société ? Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, décrit, à partir de nombreux témoignages, les différents visages de cette violence perverse qui, sous de multiples formes insidieuses et par des sous-entendus perfides, réussit à dégrader l’autre et à détruire la confiance qu’il se porte sans avoir besoin d’exercer sur lui la moindre agression physique. Cette persécution psychique est une véritable manipulation morale qui n’est plus cantonnée aux relations privées. Elle est ainsi devenue, au sein de l’entreprise, une méthode banale et efficace pour faire partir ceux que l’on ne veut pas licencier, au mépris de leurs droits et de leur équilibre psychologique.
Un livre passionnant, qui a l’immense mérite de démontrer que le harcèlement moral n’est possible qu’au prix de la complicité de l’entourage de la victime. Une exhortation donc pour chacun d’entre nous à être plus courageux et à ne pas tolérer au quotidien d’être le spectateur passif d’une telle pratique. –Paul Klein
Harcèlement moral dans l'entreprise :
Publié en 1998, le livre de Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien, a rencontré un succès considérable et … inattendu : ce succès a révélé un phénomène de société dont on ignorait jusque-là l’ampleur dans le monde du travail. On connaît la suite : la déferlante des témoignages, l’incroyable médiatisation des « affaires » de harcèlement tant dans le privé que le public, les débats entre professionnels (médecins du travail, inspecteurs, syndicalistes, juristes, chefs d’entreprise), la création d’associations, les nombreux colloques organisés sur le thème, et enfin le projet de loi soumis par le groupe communiste à l’Assemblée nationale. Le harcèlement moral fait aujourd’hui débat et une mise au point s’imposait. Prenant appui sur une enquête menée auprès des centaines de personnes qui lui ont adressé des témoignages écrits, Marie-France Hirigoyen affine ici son analyse et précise la notion, pour éviter que le terme soit utilisé abusivement et à contresens. Y a-t-il une spécificité de la victime ? Un profil de l’agresseur ? Des cas de fausses allégations ? Comment démêler le vrai du faux ? Qu’est-ce qui n’est pas du harcèlement moral ? Comment repérer ce qui en est ? Quels contextes de travail favorisent les procédés pervers ? Ce livre, nourri de nombreux cas concrets, répond avec précision à ces questions, sans esquiver la complexité des situations. Enfin, convaincue que l’organisation du travail est une donnée nécessaire mais pas suffisante pour expliquer le phénomène, l’auteur consacre la dernière partie du livre à la prévention sur le lieu de travail et auprès des professionnels, en redonnant un sens fort à l’éthique et à la responsabilité individuelle. Un livre indispensable pour tous ceux qui sont concernés directement ou indirectement par le harcèlement moral.
Harcèlement dans le couple
Témoignage d’une lectrice sur Amazon : Je conseille vivement ce livre à toutes les personnes qui ont eu l’impression, ne serait-ce qu’un instant, d’être malmenées psychologiquement par leur partenaire . J’ai eu l’impression de lire ma vie, du début à la fin de l’ouvrage . Ce livre m’a aidée à comprendre qu’il y avait réellement un problème dans mon couple . Lorsque l’on est pris(e) en étau dans une histoire qui nous fait plus de mal que de bien, on ne sait plus vraiment ce qui est normal, et ce qui ne l’est pas, on n’a plus de repère, c’est la confusion totale. On s’habitue à un quotidien qui nous détruit à petit feu.
J’ai dévoré ce livre, parce qu’il m’a apporté les réponses que personne n’avait su me donner . Il m’aide à avancer .
Avoir un pervers narcissique dans son milieu familial
Avoir une mère perverse narcissique
Témoignages : Dans le Couple : conjoint pervers
Témoignages : Dans la Famille : parent pervers
Témoignages : Pervers au sein du monde professionnel (harcèlement)
Témoignages : Avoir un colocataire Pervers narcissique
Récits fictifs et témoignages
Pour aller plus loin sur le fonctionnement des pervers aux plans psychologique et psychanalytique
Ouvrages destinés aux psys qui soignent des pervers narcissiques
La pensée perverse à l'oeuvre dans la Société
je suis preneur d’autres références … si vous en avez à me proposer !! 🙂
Autres ouvrages
Nous les croisons tous un jour ou l’autre dans notre foyer, au travail, en milieu scolaire, en société ou en politique. Si certains d’entre nous tombent dans leur piège jusqu’à y disparaître, d’autres n’y sont pas sensibles. Mais tous leur donneraient le bon dieu sans confession. Qui sont donc ces démons aux apparences angéliques ? Ces êtres diaboliques qui recherchent désespérément le reflet de leur image sublimée dans le regard de l’autre ? Qui sont-ils, ceux qui puisent dans leur victime toute leur énergie et la déploient ensuite pour mieux l’anéantir ? « Pervers narcissiques », un terme qui condamne, un terme qui délivre ! Cette appellation est à la mode, mais trop nombreux sont ceux qui l’utilisent sans réellement en comprendre le sens et la portée. Ayant elle-même croisé le chemin d’un manipulateur pervers narcissique, l’auteur a souhaité, par le biais de ce livre, apporter aux victimes de ce genre de personnes toutes ses connaissances et l’aide indispensable dont elle n’a pas bénéficié à l’époque. Elle vous aide ici à décrypter le fonctionnement du pervers narcissique et vous propose les différents chemins menant à la reconnaissance, à la libération et enfin à la renaissance des victimes. Cet ouvrage vous donnera les moyens de mieux comprendre le manipulateur pervers narcissique pour mieux le contrer, pour mieux le fuir.
Oeuvres littéraires, romans
Films
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Merci de me faire vos commentaires si vous pensez qu’un film ne devrait pas se trouver dans cette catégorie…
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Théâtre
Articles psychanalytiques
Liens
Liens sur la notion de narcissisme
Liens grand public
Liens juridiques
Liens avec des explications psychologiques plus avancées
Liens axés autour de la criminologie
Liens Vidéos
Témoignage d’une victime d’un pervers narcissique au sein d’un couple
Témoignage d’un victime d’une perverse narcissique au sein d’un couple (avec enfants)
http://www.youtube.com/watch?v=0Euru0AWEA0&feature=related
« Elle me reproche ma nouvelle vie ,c’est toujours moi qui ai tort. Avant j’étais très amoureux d’elle, j’étais son pantin. »
Témoignage de la fille d’une mère perverse-narcissique : le double visage d’une mère manipulatrice, jalouse de ses filles, et ayant éjecté le père.
Utiliser autrui, ou de la perversion narcissique, Christophe Meignant (http://youtu.be/sGnZdi3p3rk)
Conversation concernant le ou la pervers narcissiques
http://www.youtube.com/watch?v=yQrkS9GV4cw&feature=related
L’ère des pervers narcissiques : JT de France 2
http://www.youtube.com/watch?v=Jkk9PEVncA0
Remerciements
Liste des références établie par Tanguy Bodin-Hullin, mai-juin 2013.
Webmasters, merci de faire des liens vers cette page plutôt que de la recopier.
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Si vous avez l’impression que vous êtes pris dans un système d’emprise, ou de manipulation,
il est opportun de commencer par vous renseigner. La personne à qui vous avez affaire peut-être ce que l’on appelle un pervers narcissique.
En commençant tout simplement par regarder la liste des trente critères définissant le pervers narcissique, selon Isabelle Nagare-Aga, et voir si vous retrouvez bon nombre de ces critères chez le personnage.
S’il vous semble ainsi que les caractéristiques du personnage correspondent aux critères de ce qui définit la perversion narcissique,
il est utile de considérer une première question, qui est celle de la situation dans laquelle vous êtes placé(e) par rapport à l’autre, et votre niveau d’implication :
Selon la situation, vous aurez bien entendu plus ou moins de liberté d’action, mais dans tous les cas il s’agit de quelque chose qui va fortement vous affecter.
Le conseil général qu’on peut donner est le suivant :
Si vous êtes dans une situation qui vous le permet, tentez de fuir le personnage en évitant autant que possible le conflit. En revanche, si vous êtes dans une situation bloquante (couple, famille, travail que vous ne souhaitez pas perdre), il va probablement falloir trouver d’autres stratégies. Il y a en effet des situations dans lesquelles on ne peut se détacher rapidement, par exemple lorsqu’on est amoureux de l’autre, ou lorsque l’autre est notre supérieur hiérarchique, ou lorsque la personne est l’un de nos parents..
Pourtant, une chose importante est de se dire que plus vous serez « détaché », psychologiquement et physiquement, plus vous aurez de facilité à vous défaire de ce genre de personnage pour pouvoir retrouver une vie apaisée. Il est donc plus que conseillé de garder votre sang froid en sa présence. Si vous vous énervez, (souvent à postériori, car sur le moment, lors des manipulations, on est tellement surpris que cela nous immobilise et nous pétrifie, nous rendant ainsi complètement passif et dérouté), ne laissez pas cette colère vous prendre sur le moment d’une part, (quoique dans certains cas, cela puisse être salvateur, mais il s’agit ici d’un cas particulier et nous en reparlerons), et conservez autant que possible un « self-control ». La colère risque de vous mener à des actes effectués rapidement, alors qu’au contraire, il est nécessaire de bien réfléchir…
Lorsque vous perdez votre sang-froid, d’une part le pervers (narcissique) sait qu’il a mis le doigt là où ça faisait mal, d’autre part il voit que vous perdez vos moyens, et surtout, c’est le pire, il peut réutiliser vos propos et votre réaction pour retourner les choses à son avantage vis-à-vis d’un ou de plusieurs tiers. Or, il faut se dire qu’il excelle dans cet art. Certains se diront : « oh, mais je vais être plus pervers que lui, je vais jouer avec son jeu »… quel orgueil ! vous risquez de tomber plus bas que là où vous étiez précédemment. Et puis, vous allez rentrer dans un « jeu pervers », c’est le cas de le dire, vous allez vous prendre la tête pour essayer de l’avoir, et vous risquez de vous apporter encore plus d’emmerdes que ce que vous aviez déjà. Enfin, cas ultime, vous risquez de faire des choses contraires à la loi, essayant de jouer le rôle de votre propre justicier. Se faire justice à soi-même, être Zorro, ce n’est pas gagné.. la stratégie est souvent perdante, et vous risquez finalement de devenir un vrai coupable si les choses se retournent contre vous !!
En parlant de ces stratégies de défense, nous ne sommes pas loin ici d’un détail important : la seule chose que le pervers peut, dans certains cas, craindre, c’est ce qui représente la Loi, au sens large du terme. En d’autres termes, le juge, ou celui qui a le pouvoir et qui peut donc réduire sa position. En fait, il est parfois dit que le pervers narcissique ne connaît pas la loi, mais qu’il joue avec. Cela peut être entendu de deux façons : jouer avec la loi, qu’il contourne parfaitement. Ou encore, jouer avec les personnes qui représentent la loi.. ainsi, il est possible pour un bon pervers narcissique de manipuler un juge ou un supérieur hiérarchique. Jouer de la séduction au sens large, amadouer avec des mots est une de ses grandes caractéristiques, et se faire passer pour une victime, est une stratégie qu’il maîtrise tout-à-fait.
Seul un bon usage de la loi, avec un bon dossier, longuement préparé, et un avocat au fait de ce genre de choses, peut parfois avoir raison du pervers narcissique, mais ce sera toujours avec beaucoup d’énergie perdue du côté des victimes, avec parfois des années de procédure juridique, etc. Ce terrain reste donc extrêmement glissant… d’où la remarque du début : partez, si vous le pouvez, au dès que vous le pourrez en tous cas.
Usant de cette stratégie de défense redoutable, le pervers narcissique sait se faire passer pour une victime, sait utiliser les autres pour les transformer en alliés inconscients. Il use aussi comme son nom l’indique, de perversion et de perversité, et il sera capable de « retourner » littéralement les arguments en apparence les plus convaincants que vous exposerez à vos supérieurs, par exemple. Il est donc opportun, comme beaucoup le conseillent, dans un premier temps, de noter ce qui se passe au fur et à mesure, dans un lieu sûr, et surtout régulièrement, comme la fourmi qui amasse attendant l’hiver dans la fameuse fable de la Cigale et la Fourmi de ce cher Jean de La Fontaine. Et lorsque l’hiver viendra, peut-être ressortirez-vous ce dossier pour l’utiliser pour de bon. Je dis bien : « peut-être ». Car si vous avez l’occasion de fuir après quelque temps, c’est peut-être une tout aussi bonne et judicieuse stratégie… et qui ne vous aura fait perdre qu’un peu d’énergie à écrire et formuler vos idées, sans toutefois vous ruiner la vie.
Concernant ce dossier, ne donnez pas vos élements en cours de route, pris par la haine ou la rage de vous être fait avoir.. vous pouvez parfois penser qu’il faut que tout éclate, mais même si vous avez une envie folle de voir la Vérité éclater et reprendre ses droits. Gardez votre énergie, et sachez lâcher quelque chose d’amassé, pour avoir mieux, en d’autres termes abandonnez votre haine et votre envie de revanche pour retrouver la paix. Avec le temps et la distance, il sera, je vous le souhaite possible de transformer cette situation de cauchemar en mauvais souvenir. Le détachement va aussi vous permettre de prendre une certaine distance, une certaine neutralité, tout en évitant une peur paralysante.
Geneviève Reichert-Pagnart dit ainsi, dans une interview du Nouvel Observateur, et concernant la perversion dans le couple :
« Face à ce genre d’individus, en attendant la séparation, il faut impérativement constituer son dossier de procédure. La victime devra alors éviter toute discussion houleuse. Qu’elle ne laisse pas prise aux critiques, qu’elle se montre neutre. Mais cette attitude de composition ne peut durer qu’un temps assez court et ne préserve pas nécessairement du risque d’un éclat de violence. »
Mais reprenons sur le temps présent, l’actuel .. Vous commencez à vous méfier de lui ou d’elle, et tout commence à vous « prendre la tête », comme on dit. Que faire ? Il ne s’agit pas, bien entendu, de tomber dans une forme de paranoïa, qui serait de se mettre à se méfier de tout, tout le temps. Mais il s’agit de prudence bienvenue et à propos. Bien sûr, n’oubliez pas que lorsque rien ne se passe de votre côté, cela n’est que répit provisoire. Le pervers sait se faire silence, et réapparaître au moment propice dans votre vie. Par exemple, dans les relations amoureuses : admettons que vous ayez réussi à vous en défaire, ou plutôt qu’il soit parti de lui-même..(quel étonnement d’ailleurs !) .. Ne rêvez pas trop : il reviendra un jour s’annoncer, un petit texto apparemment bienveillant, un petit mail qui vous fait penser : « il pense encore à moi, il a besoin de moi » et hop ! le contact est renoué, et vous vous remettez vous-même dans son joli filet, sa jolie toile, dont une fois touchée, vous aurez encore un mal fou à vous défaire. Idem dans le travail. Tôt ou tard, un nouvel évènement vous donnera l’occasion de constater que sa présence est non seulement toujours aussi délétère vous concernant, mais aussi et surtout qu’il reste le maître des lieux. Il se peut même qu’un nouveau coup à sa façon vous montre qu’il avait tout calculé.. Eh oui, s’il veut vous faire sortir de l’échiquier, il se peut fort bien qu’il y arrive.
Ce jour-là, votre colère ressortira, mais il faudra à nouveau faire preuve de ce fameux sang-froid. A nouveau : ne pas péter les plombs en rentrant à votre tour dans des agissements tordus, en parler autour de soi le plus possible, ne pas s’isoler, être même un peu hystérique auprès de vos collègues parfois peut vous protéger, car ils vont se rendre compte que ce qui se passe a beaucoup d’impact. N’oubliez pas non plus votre sens de l’humour, même si vous avez l’impression qu’avec tout ça vous n’avez plus la tête à rire… du tout.
Il existe plusieurs sortes de pervers narcissiques : ceux qui sont plus du côté « pervers », et ceux qui sont plus du côté « narcissique », et puis d’autres personnalités plus proches des caractériels un peu paranoïaques. Paul-Claude Racamier, dans son livre « Le génie des Origines », (chapitres IX et X) parle des perversions narcissiques au pluriel. Il décrit ainsi deux postures que l’on retrouve chez les personnalités perverses narcissiques : l’une qu’il appelle « l’avantageux », et l’autre qu’il appelle « la phalloïde ».
« L’avantageux : au grand jour, au très grand jour, tout en montre et en exhibition, tout en plumes et en parades ; bref, au premier rang ».
« La phalloïde : toute en cachette et en coulisse, jamais au grand jour et de plain-pied, toute à manoeuvrer des agents pris pour instruments, qui agiront à sa place et parfois paieront pour elle ; bref, toute en sous-main. »
J’aimerais dire ici qu’il me semble que de ces deux postures, l’une est plus du côté du narcissisme, et l’autre plus du côté de la perversion. Le personnage de « L’avantageux » montre sa grandeur : il est du côté narcissique, il se croit le plus intelligent, et en vient à ignorer les autres, tellement il se croit supérieur.
Le personnage de « La phalloïde », comme le dit Racamier, assouvira ses haines, mais laissera sa note à payer par ses proches. On pourrait donc dire que des deux, c’est cette tendance, cette posture qui est la plus dangereuse.
Le livre « Le harcèlement moral » écrit par Marie-José Gava (Editions Prat, 2012, environ 20€) décrit ces deux types de personnalités : narcissique, et perverse.
[Article écrit par Tanguy Bodin-Hullin, psychologue clinicien – Site http://www.psychologue19.fr (dernière mise à jour : 2 mars 2013) ]
{ fin }
Isabelle Nazare-Aga* propose une liste de 30 caractéristiques spécifiques qui doivent être lues comme autant de signaux d’alerte à toute personne dans l’interrogation.
sachant qu’elle qualifie de manipulateur un individu qui agit au moins selon 14 critères de cette liste.
Certains constats récurrents suffisent pour considérer qu’il y a danger : en voici les principaux :
« 1. Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle
2. Il reporte sa responsabilité sur les autres, ou se démet des siennes
3. Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et opinions
4. Il répond très souvent de façon floue
5. Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations
6. Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes
7. Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et questions
8. Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge
9. Il fait faire ses messages par autrui
10. Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner
11. Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne
12. Il ignore les demandes même s’il dit s’en occuper
13. Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins
14. Il menace de façon déguisée, ou pratique un chantage ouvert
15. Il change carrément de sujet au cours d’une conversation
16. Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion
17. Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire en sa supériorité
18. Il ment
19. Il prêche le faux pour savoir le vrai
20. Il est égocentrique
21. Il peut être jaloux
22. Il ne supporte pas la critique et nie les évidences
23. Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres
24. Il utilise souvent le dernier moment pour ordonner ou faire agir autrui
25. Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes répondent au schéma opposé
26. Il flatte pour vous plaire, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins pour vous
27. Il produit un sentiment de malaise ou de non-liberté
28. Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui
29. Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas fait de notre propre gré
30. Il fait constamment l’objet des conversations, même lorsqu’il n’est pas là »
(*) cf. Ouvrage d’Isabelle Nazare-Aga : Les manipulateurs sont parmi nous, Editions de l’Homme.
Notamment le chapitre 2 (page 37) intitulé : « Les caractéristiques du manipulateur relationnel ».
Isabelle Nazare-Aga est psychothérapeute comportementaliste, formatrice en entreprise, psychomotricienne, sophrologue et praticienne de PNL.
Bonjour à vous qui venez sur ce site,
Actuellement ingénieur à temps partiel dans le domaine informatique sur des projets de développement web et réseau, je recherche du travail en tant que concepteur/développeur de sites internet PHP, à temps partiel de 2 ou 4 jours par semaine.
Mes compétences avancées en conception et développement me permettent de travailler pour :
Les techniques de développement que j’utilise sont les suivantes :
Exemples de sites que j’ai développé :
Ouvert à toutes propositions, à la croisée des compétences dont je dispose, je suis fortement intéressé par les domaines liés aux sciences humaines ou aux domaines culturels.
Je souhaite si possible évoluer au sein de projets menés en équipe, ce qui me paraît être une bonne façon de s’enrichir, au travers de l’échange avec les autres, permettant l’approfondissement des connaissances et des savoirs-faire.
Par ailleurs, j’ai validé en septembre 2011 un Master 2 de psychologie clinique, formation que j’ai effectuée à l’Université de Paris Descartes, en parallèle de mon travail d’informaticien, et je continue de me former progressivement autant que possible en psychologie clinique et psychopathologie, psychanalyse et psychothérapie en fonction du temps et de l’énergie dont je dispose. Je me donne toutefois du temps pour évoluer vers ce domaine. Je participe de façon hebdomadaire, en tant que psychologue, à des consultations familiales dans le cadre d’une association de Médiation ethnoclinique. De façon à être en mesure de continuer mon activité de psychologue dans cette association, je recherche un travail à temps partiel et non à temps plein.
Si vous avez des propositions à me faire, vous pouvez me contacter via mon Formulaire de contact, en me laissant vos coordonnées de façon à ce que je puisse vous recontacter.
Tanguy Bodin-Hullin, ingénieur et psychologue (SIRET : 534 702 808 00021)
Nous sommes en janvier 1954. Lacan, dans cette Introduction aux commentaires sur les écrits de Freud, commence par une demande de participation, de contribution. Il demande « le maximum ». Il est d’emblée exigeant, et indique que l’implication à ce séminaire doit être partie prenante d’une « mise en cause de toute notre activité ».
(p.18) Si vous n’y venez pas pour mettre en cause toute votre activité, je ne vois pas pourquoi vous êtes ici.
Et il questionne ceux qui ne sentiraient pas le sens de cette tâche, avec l’idée sous-jacente de se détacher du groupe (de psychanalyse).
L’idée est d’aborder la méthode psychanalytique. ce qu’on appelle : « les écrits techniques » rédigés entre 1904 et 1919 par Freud. Lacan explique que cette forme d’écrit permet :
Par ailleurs, il indique que plusieurs notions fondamentales y sont expliquées et permettent de voir le progrès de l’élaboration de la pratique :
Lacan indique que ce groupement d’écrits a une unité, qui est celle de la pensée de Freud à ce moment-là, c’est-à-dire à une étape qu’il qualifie d’intermédiaire, par rapport à l’expérience germinale de Freud.
Pourquoi « intermédiaire » ? Parce qu’elle précède l’élaboration de la théorie structurale.
Lacan indique qu’il est erroné de penser que ces écrits tiennent leur unité du fait que Freud y parle de « technique », car Freud a toujours parlé de technique, comme par exemple dans les Etudes sur l’Hystérie, ou encore dans La science des rêves. Il se justifie sur le fait de n’avoir d’ailleurs pas choisi ce texte-là. Enfin, il cite un texte de 1934, très important sur la technique : Analyse terminable et interminable (cf. Résultats, idées, problèmes Tome II p.231).
Lacan aborde ensuite la personnalité de Freud, qui apparaît de façon surprenante, et simple, directe, franche, dans ces écrits. Il montre que Freud est en train de réfléchir sur son instrument de travail, à savoir les règles pratiques à observer.
La liberté de ton employée par Freud lors de la formalisation de ces règles techniques, est rien qu’à elle seule un enseignement en soi, dit Lacan. (Il parle par exemple de la salubrité et de l’aspect libérant de cette parole). Lacan dit alors :
(p.21) Rien qui montre mieux que la véritable question est ailleurs.
De quoi s’agit-il ici ? pouvons-nous nous demander, et quelle est cette question véritable ?
Lacan nous fait ensuite découvrir une autre face de la personnalité de Freud :
(p.21) C’est le caractère souffrant de sa personnalité, le sentiment qu’il a de la nécessité de l’autorité, […].
Il évoque la « dépréciation fondamentale » que Freud montre à l’égard des « enseignés », ceux qui l’écoutent, et le suivent. (ce terme d’écoute n’est pas choisi au hasard).
Il dit même :
(p.21) Je crois même, vous le verrez, qu’on trouve chez lui une dépréciation toute particulière de la matière humaine [du] monde contemporain
Cette observation permet à Lacan d’expliquer pourquoi Freud s’est placé en position d’autorité ; il croyait assurer ainsi l’avenir de l’analyse. Ceci explique aussi le côté impératif
(p.22) [..] impératif dans la façon dont il a laissé s’organiser autour de lui la transmission de son enseignement.
Lacan abrège ensuite cet « aperçu sur l’aspect historique de l’ACTION et de la PRESENCE de Freud » (de ce qui peut nous être révélé au travers de cette lecture de Freud), et dit qu’on ne va pas se limiter à cela, parce que cela serait inopérant ! Il revient alors à la question principale :
(p.22) Qu’est-ce que nous faisons quand nous faisons de l’analyse ?
et décide de partir de l’actualité de la technique analytique, à savoir ce qui se dit, ce qui se pense, ce qui se conçoit, et ce qui se pratique. Il qualifie cette actualité de la technique, en parlant de « confusion la plus radicale », car les idées des uns et des autres sont variées, et qu’il n’y a pas d’idées identiques, pas d’unité, et même indique t-il, si nous comparions les conceptions les plus extrêmes des uns aux conceptions les plus extrêmes des autres, nous aboutirions à des « formulations rigoureusement contradictoires » (p.22-23) . Chacun, dans ce méli-mélo très sérieux sur les résultats thérapeutiques et les procédés thérapeutiques, se contente de se raccrocher de façon parcellaire à la théorie de Freud, et c’est cela qui fait office de fil rouge, un fil rouge en bien mauvais état, mais qui a le mérite d’exister cependant.
On pourrait dire que ce fil rouge théorico-clinique freudien se situe toujours au sein d’un rapport inter-humain, qui s’appelle la psychanalyse, nous dit Lacan :
(p.23) C’est par l’intermédiaire du langage freudien qu’un échange est maintenu entre des praticiens qui se font manifestement des conceptions assez différentes de leur action thérapeutique, et, qui plus est, de la forme générale de ce rapport inter-humain qui s’appelle la psychanalyse.
Les doctrines modernes se sont engagées à élaborer la notion du rapport de l’analyste et de l’analysé. Lacan cite BALINT, qui utilise un terme emprunté à RICKMAN (qu’il semble intéressant de lire au vu de ce qu’en dit Lacan, à savoir :
(p.23) Rickman, une des rares personnes qui ait eu un petit peu d’originalité théorique dans le milieu des analystes depuis la mort de Freud
Le terme formulé par RICKMAN est celui d’une two-bodie’s psychology, formule autour de laquelle on peut regrouper les études sur :
Cette voie choisie et empruntée, la two-bodie’s psychology permet-elle de bien situer les problèmes ? Bonne question… à laquelle Lacan répond : d’un côté oui, d’un côté non !!! Il est donc nécessaire d’aller au delà de cette voie, et d’en explorer d’autres.
(p.24) Est-ce assez de dire qu’il s’agit d’un rapport entre deux individus ?
nous demande Lacan, qui évoque immédiatement des « impasses actuelles » sur la théorisation de la technique. Lacan nous indique à ce moment-là qu’il ne peut nous en dire plus pour le moment, mais il évoque quand même la question de la tiercéité, pour laquelle il laisse entendre qu’il l’a déjà abordée au cours de son séminaire. Il donne alors une indication cruciale sur cette tiercéité : Entre les deux humains, il y a la parole, et cette parole doit être prise comme point central de perspective. Cette parole EST le TIERS.
Ainsi, l’expérience analytique doit se formuler dans un rapport à trois, triadique, et non une relation à deux.
Cependant, il ne s’agit pas de tout exprimer sous le sceau de ce rapport à trois, car nous dit Lacan :
(p.24) Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse pas en exprimer des fragments, des morceaux, des pans importants dans un autre registre.
Il nous indique ensuite qu’il y a plusieurs façons de choisir deux éléments dans cette triade, car il y a trois relations dyadiques !!
Il nous dit ensuite pour finir que :
(p.24) Ce sera (vous le verrez) une façon pratique de classer un certain nombre d’élaborations théoriques qui sont données [(il ne dit pas qui sont « faites »)] de la technique.
Puis, il part sur une voie plus concrète, nous dit-il, en évoquant l’expérience germinale de Freud, à savoir la reconstitution de l’histoire du sujet.
Evoquant les leçon tenues au trimestre précédent, il dit que Freud part à chaque fois, pour chaque cas, du singulier du sujet.
(p.25) Le progrès de Freud, sa découverte, est dans la façon de prendre un cas dans sa singularité.
PRENDRE LE CAS DANS SA SINGULARITE, c’est-à-dire ? nous questionne Lacan, qui nous donne rapidement la réponse : l’élément essentiel, constitutif, structural du progrès analytique est la reconstitution complète de l’histoire du sujet.
(p.25) […] c’est la reconstitution complète de l’histoire du sujet qui est l’élément essentiel, constitutif, structural, du progrès analytique.
Si on se place du point de vue de Freud, et qu’on le dit autrement, cela signifie que :
(p.25) l’intérêt, le fondement, la dimension propre de l’analyse est la réintégration par le sujet de son histoire jusqu’à ses dernières limites sensibles, c’est-à-dire jusqu’à une dimension qui dépasse de beaucoup les limites individuelles.
On peut se demander ici ce que signifie « limites sensibles ». Pour moi, ce sont les choses que le sujet peut sentir, ce dont il peut soutirer de sa propre histoire, de son corps, de ses souvenirs. Ce qu’il peut extraire de lui-même.
Lacan nous indique que la dimension de « réintégration par le sujet de son histoire » se révèle dans les textes de Freud grâce à l’accent mis par Freud dans chaque cas sur des points essentiels à conquérir par la technique. Et il nous met en garde ici : cet accent mis par Freud n’est pas seulement un accent mis sur le passé, comme on pourrait le penser au premier abord, car l’histoire n’est pas le passé : l’histoire est le vécu passé historisé dans le présent. Et cette historisation n’existe que parce qu’il y a présence d’un vécu passé.
Ceci, à mon sens, pose d’ailleurs la question des êtres confrontés à une absence de vécu passé, un vide de vécu passé, un blanc, qui ne permet donc pas une historisation.
Lacan évoque l’article de Freud : Constructions dans l’analyse (Konstruktionen in der Analyse, 1934), où Freud parle de ce problème qu’est l’histoire du sujet.
Puis il nous dit que :
(p.25) le chemin de la restitution de l’histoire du sujet prend la forme d’une recherche de la restitution du passé. Cette restitution est à considérer comme le point de mire visé par les voies de la technique.
Selon Lacan, la restitution du passé est restée jusqu’à la fin au premier plan des préoccupations de Freud, même lorsqu’il développe le point de vue structurel avec la notion des trois instances, et en disant cela Lacan nous évoque même une quatrième instance, laquelle ? Est-ce le temps ???
(p.26) Sur la restitution du passé, Freud met et remet toujours l’accent, même lorsque, avec la notion des trois instances – vous verrez qu’on peut même dire quatre – il donne au point de vue structurel un développement considérable, favorisant par là une certaine orientation qui va de plus en plus à se centrer sur la relation analytique dans le présent, sur la séance dans son actualité même, entre les quatre murs de l’analyse.
Ce que j’en comprend, c’est que le point de vue structurel se centre sur la relation analytique de l’ici et maintenant, sur la séance dans son actualité même.
Ce qu’il faut par ailleurs bien retenir ici, c’est que le thème de la restitution du passé est un thème PIVOT. Et Lacan donne l’exemple du fameux cas de l’Homme aux Loups, un patient de Freud. La question qui se pose pour l’analyste est donc : quelle est la valeur de ce qui est reconstruit du passé du sujet ?
Il faut bien comprendre, comme Freud l’a compris, que « le fait que le sujet se remémore les évènements formateurs de son existence, n’est pas en soi-même le plus important : ce qui compte, c’est ce qu’il en reconstruit ». (p.27)
Lacan donne l’exemple des rêves, qui sont une façon de se souvenir avec une reconstruction. Idem pour les souvenirs-écrans ; ils sont un représentant satisfaisant, une reconstruction. SATISFAISANT ? oui, parce que si on les élabore, alors ils nous donnent l’équivalent de ce que nous cherchons.
L’analyse est donc une lecture qualifiée, expérimentée d’un cryptogramme exprimé verbalement et émotionnellement par le sujet. Ce cryptogramme est ce que le sujet possède actuellement dans sa conscience, à propos de lui-même, mais aussi de tout, c’est-à-dire l’ensemble de son système. L’analyse est donc une sorte de prisme, au travers duquel on va pouvoir lire. Quelle est la place ici des souvenirs-écrans ? Du lien avec le fantasme ?
Lacan appelle cette face des choses la « face de la reviviscence ». Ceci me fait penser à la catharsis.
Lacan nous dit que lors de la restitution du passé (qui permet la restitution de l’intégralité du sujet), l’accent porte toujours plus sur la face de la reconstruction que sur la face de la reviviscence.
Le revécu exact n’est pas l’essentiel, indique Freud de façon formelle : l’essentiel est la RECONSTRUCTION. Lacan met l’accent sur cet essentiel indiqué par Freud, en disant :
(p.27-28) Il y a là quelque chose de tout-à-fait remarquable, et qui serait paradoxal, si pour y accéder, nous n’avions la perception du sens que cela peut prendre dans le registre de la parole.
En quoi le fait que l’essentiel soit la reconstruction serait paradoxal ? peut-on se demander.
[Suite de l’article à venir…]
J’ai été jeudi dernier 20 octobre 2011 à l’auditorium du Musée du Quai Branly voir une conférence de Tobie Nathan, ethnopsychiatre, ethnopsychanalyste et écrivain, et Grégory Delaplace, anthropologue spécialiste de la Mongolie.
J’ai trouvé le sujet particulièrement intéressant et il me paraît intéressant d’en reprendre quelques éléments.
Tobie Nathan a commencé par donner quelques éléments communs sur le traitement des morts, en expliquant qu’en Afrique, quand on pose la question : « de quoi est-il mort ? » la personne qui répond sait parler de la mort, tandis qu’en Europe, on ne sait rien dire, à part des choses comme : « il est mort d’une rupture d’anévrisme ». En Afrique, il y a des radios qui invitent les gens à des rituels funéraires, où tout le monde va encore aujourd’hui.
Il reprend ensuite une anecdote que j’ai l’impression d’avoir déjà lue dans un de ses livres, peut-être « L’influence qui guérit » (livre très intéressant, que je recommande d’ailleurs). Il s’agit d’une consultation de Nathan où se trouve une famille africaine, une maman togolaise, et son fils en ménage avec un ivoirien, plus un bébé, une assistance sociale et une éducatrice. La maman reproche à l’ivoirien de ne pas donner d’argent pour la famille, et le brouhaha s’élève dans la salle. Tout le monde parle en même temps. Nathan postule que ce brouhaha est en fait la manifestation de la « parole des morts ». Il prend alors un verre, le remplit de rhum, et le jette par terre en disant : « Un mort est ici, c’est pour ça que vous vous disputez ». La femme aquiesce alors et dit qu’effectivement son mari a été assassiné au Togo. Or le rituel de veuvage est très violent au Togo : lorsqu’un homme meurt, la femme de celui-ci doit démontrer que ce n’est pas elle la coupable. Pour cela, elle subit des humiliations, avec une mise à l’écart de la société. Cette femme a fait deux jours, puis, comme c’était trop insupportable, elle est partie, nous dit Nathan. Donc, elle est partie sans que son mari défunt soit « apaisé », et c’est ce qui explique que celui-ci « revient » dans la consultation. Le problème est donc que cette mort n’a pas été « traitée ». On est ici face à un terme très intéressant : « traiter le mort ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Nathan nous donne deux principes :
Le premier, il est rare qu’en Afrique on meure de vieillesse : on meurt « parce qu’on a été tué », c’est-à-dire que dans la pensée collective, si une personne meurt c’est que quelqu’un l’a tuée !! Il ne s’agit pas ici d’être tué de façon réelle, avec une arme ou un couteau, mais on peut être tué par la sorcellerie. Il s’agit donc, nous dit Nathan, de trouver « QUI a tué ? ».
Nouvelle anecdote pour expliquer cette notion : Nathan évoque un enterrement au Congo, ce qui n’est pas systématique, mais fréquent et traditionnel.
J’ai été ce soir (20 octobre 2011) à une projection du film Benda Bilili ! au Studio des Ursulines, un film documentaire réalisé par Renaud Barret et Florent de la Tullaye. Cette projection était organisée dans le cadre des rencontres Cinéma et Psychanalyse organisées par le psychanalyste P. Sullivan et était suivie d’un débat avec le réalisateur Florent de la Tullaye.
Ce film nous a permis d’aborder, lors du débat qui a suivi, une question qui semble être une coutume de ces séances : le rapport du réalisateur à l’inconscient au moment où il a décidé, puis a réalisé le film. Qu’est-ce qui, en effet, nous pousse à faire tel film et pas tel autre ? Qu’est-ce qui nous pousse à traiter le sujet et à présenter le film sous tel angle et pas tel autre ?
Au départ, les réalisateurs sont venus au Congo Kinshasa pour trouver des musiciens dans le but d’enregistrer, semble t-il, de la musique locale. Ils arrivent donc là-bas, et un soir, en sortant d’un bar, ils entendent une mélopée, ou plutôt une musique aux accents bluesy. Intrigués, ils se dirigent vers le petit groupe de danseurs et découvrent un homme – handicapé – créant un rythme avec une vieille guitare munie d’une seule et unique corde restante. Le rythme les prend, et cela les intéresse d’autant que la chose est peu commune, que de voir des handicapés (malade de la poliomyélite) jouant de la musique, et avec un certain sens du groove. Le groupe, nous dit le réalisateur, les accueille avec simplicité, ce qui les surprend, et ils restent une bonne partie de la nuit avec ces musiciens.. C’est ainsi que commence l’aventure du Staff Benda Bilili !, qui va durer plus de cinq ans, et quelque part, dure encore…
Cela part donc d’une rencontre, et d’un accueil : accueillir l’étranger, et qui plus est de couleur blanche. Mais là-bas, tout le monde rêve de l’Europe… Par ailleurs, les handicapés, nous dira à un moment le réalisateur, font souvent un gros effort pour se rapprocher des personnes « normales », tandis que de l’autre côté l’effort est plus dilué.
La success story du « Staff », comme est appelé le groupe par ceux qui en font partie, me fait penser au film « Chance it » de Mohammed Kounda, qui retrace l’aventure d’un jeune noir de l’état du Mississipi, très doué lui aussi, extraordinaire même, et qui fait montre d’une certaine capacité à faire face à l’adversité. Avec sa mère, qui le motive et le coache, le jeune « Chance » (prononcer Tchènts) va travailler dur, gagnant ses premiers billets dans la rue en faisant des imitations, jusqu’à pouvoir se payer une école de Jazz… et des cours de claquettes. Destinée incroyable que Mohammed Kounda, réalisateur remarquable, a pu suivre pendant de longs mois. Ce film, lorsque je l’ai vu, m’a fait penser à la résilience, parce que cette mère et son fils vivent dans des conditions difficiles, mais le gamin, qui a quelque chose du génie, va s’en servir pour les faire sortir de la galère, même si la vie de musicien, même doué, ne soit pas rose tous les jours. Dans Benda Bilili ! , la résilience me paraît encore plus forte, parce que les conditions de vie des musiciens handicapés du Staff sont particulièrement difficiles, et que combattre la polyomyélite en même temps que la rue et la pauvreté sont des défis de chaque jour. Comment ne pas garder espoir en la vie après ces histoires de vie si dures mais en même temps si extraordinaires ?
Le réalisateur nous évoque son prochain projet de film, sur les pygmées de la seconde plus grande forêt du monde après l’Amazonie, et leur rapport avec les grands noirs, les bantous, qui font tout pour éviter l’éducation de ce peuple pygmée, afin de ne pas se laisser dépasser par la suite et de perdre leur dominance, car les pygmées sont nombreux, plus nombreux que les bantous. Les grands noirs ont ainsi comme esclaves les petits noirs… N’est-ce pas là quelque part une façon de répéter le traumatisme de l’esclavage d’une autre façon ? Tenter de savoir quel était le rapport entre pygmées et bantous avant le colonialisme et l’esclavage pourrait être une question intéressante à se poser.
[Article à suivre …]
Rédaction : Tanguy Bodin-Hullin, 20 octobre 2011
Il y a deux jours, en lisant un article, je suis tombé sur le mot « lacanien », et j’ai commencé à me demander ce que cela pouvait bien vouloir dire. Je me suis dit : « tiens, puisque :
Je lisais ce soir sur le site du Monde un article de Michel Onfray qui s’intitule : « Avec Hollande, les vaches seront bien gardées !« .
Dans cet article, je remarque qu’à un moment, M. Onfray écrit :
« Reste la constellation de la gauche libérale qui a ma faveur – mais qui désespère par son ardeur à refuser toute union. Olivier Besancenot a jeté l’éponge du NPA finalement trotskiste au profit de Philippe Poutou – si j’étais lacanien, ce qu’à Dieu ne plaise… »
Nous apprenons donc ici que Michel Onfray n’est pas lacanien, et de mon côté je constate surtout que je ne comprends rien à sa phrase, Dieu me pardonne… (Qui est Philippe Poutou au fait ? Google m’indique qu’il s’agit du candidat du NPA à l’élection présidentielle de 2012), mais cela ne m’explique toujours pas le sens de la phrase d’Onfray.
[Article à suivre…]
[jeudi 20 octobre 2011]
Je trouve ceci sur un post dans un forum du site Doctissimo :
Je ne suis pas « lacanien » et il faut bien reconnaître que certains psychanalystes qui se disent « lacaniens » pratiquent encore « les séances courtes » (quelques minutes : 4, 5, …10 minutes) pour, soit-disant « heurter » l’analysant et le faire réagir (violemment), ce qui apportera du matériau pour la prochaine séance… Parmi ceux-là, il m’apparaît clairement que certains sont, sciemment ou non, en position de « disciples », prêt à reproduire « à la lettre », les pratiques du Maître, sauf qu’il s’agit là de pratiques tout à fait contestables (de mon point de vue), et que pour faire court, le Lacan de la fin (dans les 10/15 dernières années de sa vie) s’est égaré et que ce n’est certainement pas le plus « intéressant » (pour la pratique analytique) à retenir et encore moins à reproduire.
Et je me pose plusieurs questions : est-ce que Lacan a vraiment dit qu’il fallait pratiquer les séances courtes pour heurter l’analysant ? D’autre part, est-ce que Lacan, dans les 10-15 dernières années de sa vie, s’est véritablement égaré ? Je doute de ces affirmations… il va falloir chercher les réponses…
[dimanche 6 novembre 2011]
Aujourd’hui, une personne me dit qu’elle « n’est pas très lacanienne », du coup j’ai tapé « être lacanien » sur Google pour voir si mon article était visible, et bien sûr je suis tombé sur autre chose qui est fort intéressant : un petit texte de Jean Allouch qui s’intitule : « être lacanien » (texte écrit à la demande de Sarah Chiche, publié par elle, septembre 2010). Le voici, pour votre plus grand plaisir :
« C’est quoi, pour vous, être lacanien aujourd’hui ? » demandez-vous. Mais non, je ne le suis pas ! « Lacanien » n’est en rien une caractéristique de mon être. Lequel être, d’ailleurs, ne tolère aucune détermination de cet ordre. Je n’ai pas non plus élu Jacques Lacan comme quelqu’un de qui j’attends qu’il me fournisse une éthique, qu’il me dise comment vivre, désirer, aimer, mourir. En dépit de quelques efforts qu’il a pu faire en ce sens, je n’ai pas fait de lui mon maître spirituel. Mon analyste, oui. Pourtant, il y eut, il y a plus… Car oui, je suis actif au sein d’une école lacanienne (170 membres à ce jour), la toute première à se vouloir telle et la seule, aujourd’hui encore, à savoir et à dire pourquoi. Une école (non pas un groupe, une association, un cercle, etc.) n’a de projet, de politique, qu’à partir de la reconnaissance qu’un certain savoir (et ses conséquences sur l’exercice analytique) n’a pas reçu l’assentiment de la communauté à laquelle, en tout premier lieu, il était destiné. On s’emploie alors à ce que ce savoir conquière l’assentiment des esprits, voire oriente les pratiques. Il peut être résumé en trois termes : réel, symbolique, imaginaire.
Revisiter l’ensemble des questions analytiques à partir de cette ternarité, à cela précisément Lacan s’est employé. C’était déplacer Freud, chez qui domine le conflit, une pensée « en deux », non pas « en trois ». C’était aussi mettre en acte le fait que Freud et Lacan ne se mêlent guère plus que l’huile et l’eau.
Un second enjeu prescrit l’école : ladite « didactique ». Dès lors que l’on admet que le psychanalyste est une tombe, qu’il ne saurait en rien parler à quiconque d’une analyse sauf à intervenir sauvagement dans le transfert (cela, alors même que cette analyse est prétendument terminée et sous le prétexte fallacieux d’une communication savante, médicale en fait, quand ce n’est pas sur l’oreiller), il ne peut revenir qu’à l’analysant de faire état de son analyse en tant que didactique. Or accueillir et, le cas échéant, entériner ce témoignage n’est possible qu’au sein d’une école. Vous dire pourquoi et quelles conditions sont ici requises, cela ne se peut en quelques mots.Être lacanien aujourd’hui c’est ne pas négliger ou ne pas maltraiter le passage de l’analysant à l’analyste ; c’est instaurer un rapport critique à l’enseignement de Jacques Lacan tel qu’aucun de ses propos n’est reçu comme allant de soi parce que venant de lui ; c’est, enfin, ainsi que le manifestent ces deux premières caractéristiques, n’être pas lacanien mais avoir trouvé un point d’extériorité au regard du frayage de Lacan tel que ce frayage puisse être reçu comme le moins impropre à l’accueil de ce qui ne peut encore que s’appeler folie.